Down with the Madness [PV Ulquy]

Thème


In the désert there is personne. Du moins c’est ce que dit la légende, car dans le désert blanc et sinistre du Hueco Mundo, la vie était plus foisonnante qu’on pouvait l’imaginer. Il n’avait de désert que le nom et l’apparence, paysage sauvage et dévasté, comme piégé dans le sablier de l’univers. Seuls des petites pierres comme Las Noches empêchaient le sable de s’écouler normalement, passant d’un monde à l’autre, puis de nouveau au premier. Un cycle immuable, éternel, qui n’avait ni fin, ni début.

C’est dans ce désert que se tenait la silhouette féline et élancée de Pantera, penchée sur une autre carcasse de hollow, qu’il venait de bouffer. C’est qu’il se faisait faim en ce moment. Quand il avait dit merde à son possesseur, Pantera avait pensé pouvoir bouffer autre chose qu’un hollow dégueu, mais fallait croire que le destin en avait décidé autrement. Et le voilà donc en train de débiter de cette viande fade et au goût étrange de cendres, en attendant de pouvoir goûter à quelque chose d’un peu plus savoureux. Un humain, qui sait ? Ouais, autant rêver de caviar alors qu’on est limité à du putain de pain rassis.

Dégoûté à cette pensée, la panthère fit un pas en arrière, s’assit et attendit un moment. Qu’est-ce qu’il attendait donc ? Oh, vous le saurez bien assez tôt. Voilà, ayé. Un bruit immonde de truc mouillé qui entrait en violent contact avec le sol sableux du désert. Ouais, Pantera venait de gerber. Ce monde pourri et creux lui donnait la nausée. Dans un dernier haut-le-cœur aux échos gutturaux, Pantera s’éloigna de l’endroit qu’il venait de souiller, et qui désormais allait bien schlinguer comme il faut.

La panthère parcourut le désert, oisive, blasée, flemmarde. Si seulement ce monde de merde pouvait disparaître ! Que quelqu’un le détruise, par pitié… Ah, dans la vie faut toujours tout faire soi-même ! Pris d’une soudaine folie, Pantera se jeta sur l’un des rares rochers du désert, et le brisa de quelques coups de griffes. Bwarf, ça résistait pas de masses. C’est vraiment d’la merde ce désert.

C’est seulement à ce moment qu’il remarqua la présence de quelqu’un d’autre dans les parages. Tiens, c’était inhabituel : qui pourrait bien se promener là… Ah merde. Pantera leva les yeux, et vit que Las Noches était un peu plus près que ce qu’il avait pensé. Pas qu’il ne veuille pas entrer sur le territoire des Espada, mais ça allait un peu faire chier les autres s’il tuait tous les arrancars à lui tout seul ! Fallait en laisser aux autres aussi, non ? Non ? Ah bon d’accord, non.

Il s’avança vers la silhouette, qu’il ne reconnut pas tout de suite. La flemme y était pour beaucoup. A vrai dire, Pantera n’avait vraiment pas envie de se poser de questions inutiles, ni de tourner autour du pot pendant cent sept ans. Il se jeta sur la silhouette, galopant toutes griffes dehors, l’expression sur son visage n’étant que pure rage. Il allait le défoncer, le bouffer, le dégommer, le réduire en miettes… Rhaa il allait effacer son nom du registre de l’univers, réduire sa vie à néant, nier son existence jusque dans la moindre petite parcelle de son être. Et tout ça pourquoi… ?

Parce que Pantera en avait envie. Une terrible envie. Une putain d’envie qui lui prenait comme ça, l’envie de buter quelqu’un, de briser quelque chose, de revivre ce moment où la chose abandonne sa forme pour se jeter dans le néant. Le moment où soudain, Quelque Chose devient Rien. Pantera aimait ce pouvoir qu’il avait d’effacer des êtres et des choses de ce monde, juste par un bon coup de griffes. Et puis, qui sait, ça aurait p’tet meilleur goût que l’immonde truc qu’il avait bouffé tout à l’heure.

« J’vais t’bouffer !!! »

Hurla-t-il, alors qu’il chargeait, bondissant griffes en avant, visant sans aucun doute le visage et le cou de celui qu’il n’avait pas encore reconnu comme étant Ulquiorra Schiffer.

De nouveau seul, sans compagnons, sans ennemis, sans supérieurs, sans inférieurs, ce qui ne changeait rien à son quotidien terriblement ennuyeux, Ulquiorra Schiffer n’eut pour unique occupation, loisir, distraction que de se promener dans l’extérieur d’intérieur du palais pâle. De temps à autre, des milliards de grains de sables venaient quitter le sol pour ne se faire emporter par le vent frais et doux émanant de nulle part les éparpillant dans l’atmosphère laissant place à plusieurs nuages de minuscules pépites d’or étincelantes qui paraissaient danser de part la fluidité, la beauté, la grâce de leurs envols. Sur ce point, l’on pouvait comparer ce bac à sable titanesque à un bal bien animé ou la plupart des invités venaient éblouir autrui de leurs incomparables styles de danse.

Certains des convives de religion anarchique venaient crier non à la société s’égarant de la meute afin de ne venir se placer de la manière la plus vicieuse possible dans les prunelles des malheureux passants. C’est justement ce qui venait de se passer avec le pauvre Espada numéro quatre qui ignora ce dernier en se contentant de fermer les paupières sans ne prêter aucunes attentions aux gènes que celui-ci occasionnait. Il n’eut pas même le courage de venir expulser l’intrus d’un frottement de doigt tellement ses mains étaient dans le plus grand des conforts imaginables dans le meilleur royaume possible à savoir les poches de l’agressé.

Le soleil pourtant mathématiquement artificiel, cette fausse boule d’hydrogène en éternel combustion venait apporter une légère sensation de chaleur sur la peau blanchâtre de l’arrancar aux pupilles d’émeraudes. Une sensation quelque peu désagréable pour un être naissant de la peur, du meurtre, de la tristesse. En effet, cette substance invisible, intouchable, sans odeur mais pourtant bien chaude ne convenait en aucun cas aux individus froid, sans sentiments ni émotions. C’était comme mettre un glaçon au beau milieu du Sahara, absurde et ridicule en bref, non ? Pour couronner le tout, voici que ce ciel azur monté de toute pièce venait conforter cette idée de bien être, quelle plaie …

Se lassant encore et encore de la beauté de la vie, c’est alors qu’Ulquiorra Schiffer put ressentir à l’extérieur de l’intérieur de Las Noches un reiatsu d’une intensité peu négligeable. Sans compter le fait que la nature de celui-ci parut quelque peu familière à l’arrancar au semi-casque de samourai. Grimmjow Jaggerjack, ce type ne vivant que pour le combat … Que pouvait-il bien faire hors du dôme de Las Noches ? Emporté par une forme de curiosité soudaine, l’éternel misanthrope quitta le bâtiment à coup de sonidos. Contrairement à tout à l’heure, l’atmosphère était déjà bien plus adaptée à la façon d’être de l’arrancar aux pupilles verdâtres de part la mélancolie, la fraicheur, l’absence de vie qui régnait dans les lieux.

L’Hueco Mundo, ce désert où seul le noir ainsi que le blanc semblaient régner comme si cette contradiction venait souligner l’opposition qu’elle présente vis-à-vis des autres mondes. Ce monde ou la pitié, la compassion, le pardon n’avait pas lieu d’être, ce monde ou seul l’instinct, l’indifférence, le meurtre pouvait offrir à l’utilisateur de ces mots la survie, ce monde imprégnant ses habitants dans la peur de la régression, la peur d’être dévoré, la peur d’y rester indéfiniment, oui ce monde inspirait pour le quatrième Espada une certaine forme de nostalgie, la nostalgie du lieu auxquels il avait vécut pendant des décennies et dont il était quasiment au sommet de cette chaîne alimentaire indéfinissable.

Ses souvenirs peu glorieux refaisant surface, le rêveur fut happé de son rêve à la vue de Grimmjow qui … s’élançait sur lui avec la ferme intention de … le dévorer ? Il avait même pris la peine de se libérer pour assouvir son appétit, il était vraiment désespérant. Repoussant l’affamé d’un coup de pied semblable à une reprise de volée qui valut le droit à la victime d’être propulsé contre un rocher passant par là juste après s’être mangé le coup au niveau du côté droit de la mâchoire. Ce mouvement réalisé avec grâce, sans exagération tout en gardant les mains dans les poches sans compter son atterrissage parfait sur le sol donna au misanthrope une classe bien à son image. Fixant la panthère de son regard vidé de toutes émotions, il dit d’un ton calme et serein :

-Que fais tu … Grimmjow ? As-tu perdu le peu de raison qu’il te restait en t’attaquant ainsi à moi ?

Ses quelques mots émis, malgré son apparence décontractée, Ulquiorra se prépara à une éventuel prochaine attaque du chaton bleu.

Manger manger manger DETRUIRE !!! Voilà les seules pensées qui traversaient Pantera alors qu’il chargeait Ulquiorra, toutes griffes dehors. En même temps, c’est pas comme si c’était dans les habitudes de Pantera de penser… Ah, pauvre petite chauve-souris qui passait par là sans rien demander à personne. Etait-il venu là pour déprimer, seul dans l’immensité du désert ? Pantera l’ignorait et s’en foutait royalement. Hé, il était un roi non ? Hahaha ! Il avait même réussi à détrôner celui qui s’était trop longtemps considéré comme son ‘maître’ ! Que Grimmjow aille se faire f…

Mais Pantera avait un peu sous-estimer les réflexes de combattant d’Ulquiorra. La Cuarta Espada le vit arriver, et para son coup avec élégance et efficacité. Aie, un rocher ça fait mal. A peu près autant qu’une pichenette, à vrai dire. Mais c’était bien assez pour faire sortir Pantera de ses gonds, et le rendre encore plus agressif. Si si, c’est possible, j’vous jure. Pourtant, il n’était pas au bout de ses surprises ! Ulquiorra osa le confondre… Avec ce… ce truc !!!

« JE SUIS PAS GRIMMJOW !!! »

Hurla-t-il donc pour sa défense, se relevant en s’époussetant rapidement le visage. Derrière lui, le rocher était en mille morceaux, et encore, mille c’est pas forcément beaucoup. Quant à lui, son hierro était un peu fêlé, mais rien de bien grave. Ce n’était pas un rocher qui allait le blesser, non mais ! Pantera était désormais, réellement, hors de lui. Ulquiorra avait prononcé le nom de son pire ennemi, de l’être qu’il détestait le plus au monde. Alors maintenant, petite chauve-souris, ça va chier.

« Je suis… PANTERA !!! »

Et il se jeta de nouveau sur la Cuarta Espada. Il ne supportait pas sa tronche, avec ce visage de cire, sur lequel on aurait qu’on avait peint des larmes, pour contrefaire une espèce d’émotion. Emotion que bien sûr, Ulquiorra n’avait pas. Qu’il n’aurait jamais. C’était un arrancar aussi vide et blanc que le désert lui-même. C’était un être qui niait même le sens d’exister. Il existait sans être, il n’était là que pour incarner le néant… Si ça c’était pas une belle ironie ! Pantera se ferait une joie de rendre le néant au néant, et d’exterminer cet Arrancar qui pensait peut-être pouvoir le battre.

En temps normal, et ce malgré que les numéros Espadas ne veulent rien dire, un Ulquiorra contre un Grimmjow-like un peu mou du bulbe et trop prompt à attaquer n’offrait aucun doute quant à l’issue du combat. Mais ce serait oublié que ce cher emo aux grands yeux verts n’avait plus aucune puissance de combat. Murcielago aussi lui avait dit merde, et il se retrouvait désormais complètement impuissant. Incapable de se battre réellement.

Putain, c’était aussi comique que désespérant de se dire que finalement, sans eux, précieuses libérations, les Espadas ne valaient pas mieux que de la merde. Ulquiorra avait eu un bon réflexe pour la première attaque, mais ce n’était pas ça qui allait le sauver. Pantera avait un énorme avantage et il le savait. Ah, que dirait Grimmjow en voyant ça !? Lui, le petit chaton qui ne pouvait pas s’empêcher de se rebeller sans se donner les moyens de réussir et qui finissait tout seul comme un gland, sans rang ni bras. C’était… pitoyable. Indigne d’un être aussi puissant que Pantera. Il n’y avait pas à tergiverser : il était logique que le fauve se barre après un truc pareil. Et pour Grimmjow… bah ! Il se démerderait, en attendant que Pantera vienne le bouffer. Parce que ouais, c’est ce qu’il se passerait.

Mais Pantera devait d’abord en finir avec Ulquiorra. Il se jeta de nouveau sur lui, approchant dangereusement une main griffue de son visage. Ce si beau visage, pétrifié dans une inexpression proche de la perfection, comme… immaculé. Ca ne donnait qu’une envie à Pantera : le souiller. Le lacérer d’un millier de sillons rougis de sang, et finalement, le détruire. Comme tout le reste.

« Crève !!! »

C’était là tout ce qui importait pour Pantera.

L’impact du chaton bleu s’était révélé très … explosif à la rencontre du rocher le réduisant à un amas de cailloux s’éparpillant dans la nature pour ensuite ne venir garnir de sa présence le désert pâle de l’Hueco Mundo ou tout du moins, une infime partie de cette étendue de sable décoloré. Inéluctablement, comme l’on pu s’attendre ou plutôt l’unique chose auquel l’on pouvait s’attendre se produisit. Le projectile, emplit d’un profond sentiment d’injustice d’avoir été ainsi propulsé, humilié, ridiculisé une fois de plus alors qu’il occupait le rôle d’agresseur quitta son état d’excitation pour ne retrouver une colère bien familière à son égard animant ses gestes et ses mots. Après tout, ce Grimmjow n’incarnait pas la destruction pour rien. La haine, l’égocentrisme, la violence étaient les maîtres mots de sa façon de penser, il était donc logique qu’un coup de pied au visage le rendrait tout feu tout flamme. Il était si prévisible.

Cependant, dans la prise de tête du Sexta Espada, un élément réussi à surprendre le misanthrope. Il n’était pas Grimmjow ? Qu’est ce qu’il lui prend ? Il n’est tout de même pas devenu amnésique, si ? Impossible, si tel était le cas, n’ayant plus de souvenirs, il serait dans l’incapacité de nier une chose dont il n’a pas connaissance. Mais que se passait-il alors ? Ulquiorra n’était tout de même pas suffisamment aveugle pour confondre un être si original avec un autre. Ce qui s’en suivit était tout aussi étonnant. Voilà que maintenant il se prenait pour son Zanpakutoh. Cette réaction était dépourvue de sens, c’était totalement absurde. N’était ce là qu’un simple délire, une blague de cette panthère ? Encore une fois non, c’était trop puéril, même pour un individu tel que Grimmjow Jaggerjack ce qui déjà n’était pas rien.

-Panthera ? De quoi parles-tu ? Quel avantage gagnes-tu à emprunter le nom de ton sabre ? Si absurde …

A peine eut-il le temps de répondre que son vis-à-vis se jetait déjà sur lui. Il n’apprendra donc jamais qu’une attaque ne peut être menée à bien que si on s’y attarde suffisamment afin d’effectuer une série de mouvements fluides, rapides, puissants minimisant les chances à l’adversaire de ressortir indemne de cet enchaînement. Un combat était similaire à n’importe quel sport. Un individu ne sachant placer aucunes stratégies dans ses gestes ne pouvait qu’être confronté à un destin synonyme de défaite. Foncer aveuglément dans le tas était efficace uniquement face à des personnages adoptant cette mentalité si bestial, si instinctive, si désordonnée. Dans ce cas là, le gagnant ne pouvait être que le plus féroce des deux carnivores.

Dans l’instant présent, les deux opposants s’opposaient dans toutes les catégories. Aussi bien dans la façon de penser que de combattre, de réagir que d’agir, d’aimer que de détester. Ce duel étant aux premières estimations tout bonnement inévitables, ce dénouement aura au moins le mérite de départager les deux partis permettant aux deux protagonistes de savoir qui avait raison de qui avait tort. En temps normal, le rang de la Cuarta Espada devait suffire à prouver sa supériorité mais l’opposant se trouvant être l’Espada numéro six, il fallait bien plus qu’un simple chiffre pour le dissuader et Ulquiorra en avait parfaitement conscience. C’était pour cette raison qu’il se devait d’instaurer dans sa mémoire comme dans sa chaire une défaite total lui inspirant une peur sans égal lui retirant de l’esprit la l’idée même de vouloir croiser le fer à nouveau face à sa personne. Oui, ce devait sans nul doute possible être la meilleur solution imaginable pour se débarrasser une fois pour toute de tout les défis incessants de l’arrancar à la chevelure azur.

Les gestes de la panthère furent néanmoins suffisamment rapides et violents pour forcer l’arrancar aux pupilles d’émeraudes à dégainer non entièrement, mais suffisamment son zanpakutoh afin de ne bloquer ces griffes faisant actuellement office d’outil dont la fonction se résumait à la destruction de matières inertes comme vivantes. De suite, sortant complètement son sabre au manche verdâtre du fourreau, Ulquiorra s’en servit pour repousser ce qui pouvait maintenant se résumer à l’ennemi pour n’ensuite ne s’éloigner d’un sonido à une trentaine de mètres derrière Grimmjow. Pour une victoire propre et incontestable, il se devait de se battre au maximum de ses capacités. Ce fut dans cette idée que l’espada numéro quatre ne dirigea la pointe de son épée vers son interlocuteur jusqu’à ce qu’il ne murmura :

-Enchaîne … Murciélago …

Cependant, un phénomène réussit à perturber le misanthrope, une frustration se traduisant physiquement par un élargissement de paupières soudaines. Là ou une averse de liquide noir-verdâtre devrait se déverser dans les environs, dans le cas présent, rien ne se produisit. Ses prunelles se dirigèrent donc presque instantanément vers ce même sabre qui refusait de se libérer. Que diable se passait-il ? Ulquiorra Schiffer n’eut pas même le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait qu’une présence se rapprochait dangereusement de lui, celle du prétendu Pantera …

Non seulement la chauve-souris ne le prenait pas au sérieux, mais en plus elle se foutait de sa gueule. Ca le faisait rire, cet imbécile de Cuarta ? Pantera allait lui montrer ce qu’il en coûtait d’oser se payer sa royale tronche ! Il n’hésita pas contre-attaquer, peu importe que sa charge avorte comme la première fois. Il avait vu Murcielago, il savait qu’Ulquiorra était aussi inoffensif qu’un petit chaton à présent. Il allait lui montrer qu’il n’était pas ce crétin de Grimmjow qui se prenait pour son sabre, mais qu’il était son sabre, sa puissance personnifiée, sa force à l’état pur.

Absurde ? Peut-être. Mais qu’est-ce qui ne l’était pas dans ce monde de fous ? Pour Pantera il n’y avait qu’une chose d’absurde dans cette scène : l’attitude hautaine d’Ulquiorra, qui ne tarderait pas à s’en mordre les doigts. Qu’il essaye de libérer Murcielago ! Il aurait une petite surprise… Pantera aimerait bien voir ça d’ailleurs ! Oh, il commençait déjà à le dégainer ! C’allait être marrant !!!

Et oui, car Ulquiorra bloqua son attaque ainsi, les griffes de Pantera venant embrasser le métal froid de son arme, désormais vide de sens. Le chaton bleu commença à rire. Subitement, soudainement, sans pouvoir se contrôler. Il était tout bonnement mort de rire, se foutant ouvertement de la gueule de la Cuarta Espada, qui en profitait pour s’éloigner grâce à son sonido. Il commençait à avoir les chocottes le chouchou du boss hein ! Ha ha ! Il n’avait encore RIEN vu !!! D’ailleurs, c’est bien ce qu’il allait voir : rien ! Rien !!! Murcielago n’était plus là ! Son zanpakutô n’était rien d’autre qu’une putain de coquille vide, et il pensait encore pouvoir s’appuyer dessus… Ah ! C’en était vraiment trop comique, Pantera allait bientôt se rouler de rire, sur le sol blanc et sableux du Hueco Mundo !

Ca y est !!! Ca y est, Pantera l’avait entendu !!! Ulquiorra allait libérer son zanpakutô !!! Enfin, essayer !!! Et le rire de hyène de la panthère s’élevait toujours plus haut dans le désert… Lentement, il s’était approché de la chauve-souris, qui désormais ne pourrait plus se parer de sa superbe fourrure de ténèbres, pas plus qu’elle ne pourrait déployer ses ailes. Doucement, le rire de Pantera s’effaça, laissant place à un sourire malsain, hautain, arrogant. Ouais, il se foutait de la gueule d’Ulquiorra. Et vous voulez savoir quoi ? C’était trop BON.

« Alors, ça fonctionne plus ? T’as plus ton esclave pour t’aider ? Tu te sens seul hein… ? »

Pantera émit un juron à l’encontre d’Ulquiorra qu’il aurait été sûrement trop long et/ou trop impoli de retranscrire ici, et se jeta sur son adversaire, en profitant un peu de l’effet de surprise. Toujours griffes en avant, Pantera visait clairement – et toujours – le visage d’Ulquiorra, qu’il trouvait toujours trop beau… Trop pur pour un endroit comme le Hueco Mundo.

Quelques pas en avant, et Pantera était sur Ulquiorra. Il tenta de le griffer de la main droite, mais ce ne fut qu’une feinte : c’était de la gauche qu’il fallait se méfier, cette main gauche qui se dirigeait dangereusement vers l’estomac de la Cuarta, comme pour y plonger directement, et l’étriper sans autre forme de procès. Ouais tiens, l’étriper ça serait une bonne idée aussi !!! Pantera en rigola d’anticipation, ne pouvant désormais plus contenir sa joie et son excitation, comme Ulquiorra aura pu le remarquer. Ce combat était extatique, ne serait-ce que pour sa portée symbolique : un Espada contre une Resurreccion, une libération enfin véritablement libre… Pour Pantera, ça ressemblait de plus en plus à une répétition générale de son combat final contre Grimmjow lui-même. Cet imbécile incapable de garder son intégrité physique ou son statut social. Pantera savait qu’il était idiot, mais à ce point, c’était vraiment pathologique…

Abandon, incompréhension, trahison, absence … vide. Tant d’expressions pouvant définir la situation dans laquelle était confronté l’arrancar aux prunelles d’émeraudes qui se voyait dans l’incapacité de faire appel à la libération de son zanpakutoh. Peu importe l’intensité de réflexion qu’il attribuait à la non apparition de sa résurrection, il ne pouvait y voir qu’une forme d’abandon … L’abandonner ainsi dans son devoir d’obéissance à son manieur, l’abandonner ainsi dans une situation ou il pourrait se voir subir un funeste destin, l’abandonner ainsi sans ne laisser derrière l’ombre d’une raison quelconque. Que se passait-il ? Qu’y avait-il à comprendre dans ce phénomène ? Son sabre, Murciélago, n’était-il pas son unique compagnon dans ce bas monde ? Celui qui le connaissait le mieux ? Celui qui était le seul à le comprendre complètement ? Celui qui s’était montré fidèle depuis toujours ? C’était indiscutable, Murciélago était le seul auquel Ulquiorra accordait une confiance complète. Le simple fait de constater son départ soudain dans un moment si crucial n’avait pour unique effet que de plonger la Cuarta Espada dans l’incompréhension la plus totale.

Non, il y avait bel et bien un élément à comprendre, il avait été trahit, trahit par une entité qui l’avait soutenu pendant des années, des siècles, des millénaires. Murciélago avait faillit dans son devoir de zanpakutoh à savoir servir son maître. Cependant, tout ceci importait peu pour la Cuarta Espada. Cette absence dans son être, dans sa chair, dans son esprit se voyant bien plus douloureuse. Quel était donc ce sentiment si pesant ? Si lourd ? Si insupportable ? L’Espada n’avait jusqu’à présent rien ressenti de tel. Cette sensation de perte, cette sensation de manque, cette sensation d’absence infligeait à son cœur inexistant une souffrance silencieuse le ramenant inéluctablement à la raison même de son existence … le vide …. Depuis son apparition dans ce bas monde, jamais il n’avait pu bénéficier des bienfaits de la nature, jamais il n’avait connut le bonheur, le malheur, jamais il n’avait su comprendre les émotions, les valeurs, les normes d’autrui à commencer par les humains.

Seule la neutralité, la solitude, l’indifférence venait le définir laissant une image bien triste, monotone, absurde de sa personne. Même son unique partenaire venait l’enfoncer un peu plus dans ce néant en s’effaçant de son existence. Dans un sens, cela venait permettre à l’arrancar au semi casque de samourai de pouvoir affirmer au moins une vérité. Il ne pouvait faire confiance qu’à une seule et même personne … lui. Personne ne pourrait plus jamais le trahir, le décevoir, l’abandonner. Personne ne pourrait mieux le comprendre que lui-même. Personne ne pourrait être plus l’éloigner de sa vocation, le fragiliser, le rendre plus humain.

Déterminé à ne dépendre de plus personne, Ulquiorra reporta son attention sur son assaillant qui chargeait tête baissé vers lui sans ne prendre la peine de réfléchir un peu plus murement à son attaque. Après réflexion, son zanpakutoh l’ayant irrévocablement abandonné, il était fort probable que les autres Espadas soient dans la même situation de faiblesse. Le protagoniste à la crinière d’azur pouvait donc au final très bien être le sabre de Grimmjow. Si tel était le cas, il n’y avait aucunes raisons pouvant empêcher au misanthrope de penser que Murciélago puisse lui aussi se balader librement dans les environs en empruntant sa forme en état de libération. S’il souhait élucider le mystère de cette trahison, l’unique solution à ce problème n’était autre que de s’adresser directement à son arme. Pour se faire, il fallait déjà qu’il parvienne à survivre à cette bête enragée n’ayant pour unique vocation que dévorer ce qu’il devait sans doute qualifier de gibier.

Le coup de son vis-à-vis était maintenant qu’à quelques centimètres de son visage. La chauve souris eut tout juste le temps d’esquiver cette dernière qu’un autre coup surgit à son estomac exerçant une pression d’une telle intensité à le projeter au loin. Ce Pantera avait beau n’être que la libération du Sexta Espada, il n’en demeurait pas moins supérieur en puissance dans le cas ou Ulquiorra était privé de sa propre résurrection. Malgré tout, cela ne l’empêchait pas de pouvoir suivre les mouvements de ce fauve lui attribuant une légère chance de victoire. Se retrouvant toujours propulsé dans les airs à une quarantaine de mètre de Pantera, Ulquiorra Schiffer profita de cette distance pour matérialiser au bout de son index une orbe de lueur verdâtre en direction de son opposant. Quelques secondes suffirent pour charger entièrement le globe se déployant à grande vitesse vers le chaton bleu sous la forme d’un très large rayon tout aussi verdâtre.

N’attendant point de voir si son cero atteindrait ou non sa cible, la Cuarta Espada usa d’un sonido pour se rendre au dos de la panthère. L’épée dégainée, Ulquiorra retira toutes issues de retraites à son adversaire débutant à grande vitesse, telle une machine, son propre coup visant à trancher horizontalement le dos de Pantera pendant que le Cero se rapprochait déjà dangereusement de ce même personnage.

Pantera avait peut-être un peu surestimé ses capacités. Ou plutôt, sous-estimé celles d’Ulquiorra, alors même qu’il ne disposait plus de sa propre Resurreccion. Et pour cause, Pantera avait vu Murcielago et l’avait même suivi, s’imaginant sans trop de détails la tête de la Cuarta Espada quand elle se rendrait compte que son pouvoir, sa puissance, l’avait totalement abandonné. Et il n’avait pas été loin de la vérité, alors qu’il assistait en direct à la révélation du jour. Ulquiorra Schiffer était dans l’incapacité de se changer en cette superbe créature de la nuit qu’est la chauve-souris. Tiens, bien fait pour sa gueule à cet enfariné ! Pantera jubilait, et pas qu’intérieurement. La panthère était véritablement morte de rire, ivre de sa propre supériorité face à l’un des pontes de l’Espada. C’en était presque orgasmique à ce point là ! Ah, ouais, décidément, c’était trop bon.

Pourtant, Pantera ne se limita pas à ça. Il continua à attaquer, profitant du moment d’hésitation et de surprise pour charger Ulquiorra à l’aide et de ses griffes, et de ses crocs. Ce dernier ne pourrait sûrement pas faire grand-chose d’autre que l’esquiver, ce qu’il fit… juste après avoir décoché un cero.

* Ah l’enfoiré !!! *

Pantera tenta de faire un pas sur le côté, mais il rendit alors compte que, devant lui, Ulquiorra avait disparu. Sûrement encore une feinte… Non ! Il venait de réapparaître dans son dos, prêt à lui enfoncer sa lame – qu’il ne pouvait désormais plus libérer – bien profondément. Ah, Pantera préférait baiser que d’être baisé ! Ca n’allait pas se passer comme ça !

Le fauve tenta d’esquiver, mais Ulquiorra avait rondement mené son attaque : il ne put totalement éviter le coup qui lui arrivait, et son flanc droit lui fit soudainement mal. Il saignait.

« Salaud ! »

Oh, il allait le lui payer ! Fou de rage, et encore plus désordonné et brouillon qu’avant, le gros chat contre-attaqua – car quand on attaque la Panthère, la Panthère Contre-Attaque. De façon un peu trop… aléatoire peut-être. Désormais, on pouvait voir dans la panthère bleue une espèce d’animal sauvage blessé qui plutôt que de se concentrer et d’éviter d’ouvrir ses blessures, partait dans une espèce de fuite en avant destructrice, accélérant son hémorragie, devenant véritablement fou à force de colère.

Et oui, Pantera ne supportait pas d’être blessé ! Désormais pour Ulquiorra, ça serait, au choix, beaucoup plus facile, ou beaucoup plus difficile. Les mouvements du fauve devenaient de plus en plus imprévisibles, alors qu’il se jetait de toutes ses forces dans la bataille. Ce dernier lançait des cero à tout va, ne se préoccupant même pas de savoir s’il faisait mouche ou non.

« J’vais te crever enfoiré !!! »

Oui, il se répétait un peu, mais c’était vraiment la seule chose à laquelle il pensait actuellement. Ca en disait long sur sa façon de raisonner, et également sur la manière dont il combattait actuellement. C’était anarchique, mais puissant, et si dans cet ataraxie de coups de griffes et de ceros Ulquiorra se faisait blesser, ça ne serait sûrement pas sans douleur. Maintenant, c’était à la chauve-souris de savoir ce qu’elle allait faire… Et si elle allait réussir à percer la défense de Pantera, certes pleine d’ouvertures, mais bien gardée par des coups véritablement imprévisibles.