Toi et moi... avons un compte à régler [Urahara] [Terminé]

L'heure était au chasseur de chasser. Et tout chasseur se devait de flairer l'odeur d'un être aussi puissant que lui, au point même de prendre bien plus puissant ne serait-ce que pour mettre en avant le défi. Et quelle proie pouvait constituer de défi en ces lieux.. ? Il avait souvenance de trois individus à l'aura bien plus importante qu'il ne l'aurait cru de prime abord. Lorsqu'il était dans le corps d'Ulquiorra, une jeune fille à la peau mâte possédait une signature spirituelle à l'en faire frémir, tout comme l'acolyte à son coté portant un chapeau bicolore. La dernière personne en lisse et susceptible de l'intéresser un tant soit peu s'était avéré être Kurosaki Ichigo. Seulement, son instabilité désarçonnait le démon noir, qui préférait s'attaquer à un vrai sanglier. Et le sanglier en question n'était autre que l'inconnu au bob. Il pouvait remercier Ulquiorra d'avoir daigné lui offrir ces précieuses informations.

Il déambulait dans les venelles en parfait prédateur. Loin d'être rapide, il se retourna à chaque humain qu'il rencontrait, humant leur odeur qui le fit frissonner d'appétit. Ils n'étaient pas succulents lorsqu'il s'agissait d'en manger qu'un seul. Mais une dizaine voire plus pouvait le satisfaire ne serait-ce qu'un peu. Après tout, sans Ulquiorra, il se devait désormais de suivre un chemin qu'il n'avait jamais connu. Murcielago considérait les hommes comme étant des animaux. Seule une petite poignée pouvait s'estimer intéressante à ses yeux, et encore.. Personne ne pouvait le battre si ce n'est ce Aizen de malheur. Mais comme ce dernier se verrait perdre son Zanpakutoh d'ici peu, si les desseins de Muramasa n'était pas si impénétrables, alors Murcielago serait sans doute avec Arrogante et Los Lobos le plus puissant des Zanpakutoh. Et s'il voulait acquérir du pouvoir à l'inverse de son ancien manieur, ce n'était rien d'autre que pour le jeu.. le divertissement.

Toujours est-il que l'animal avançait avec grâce, dont la langueur des gestes témoignaient de sa hauteur et de sa prestance bestiale. Un vent fouettait les mortels à son passage, sans pour autant quil daigne leur ôter la vie. Après tout, ils n'éveillèrent pas plus que ça son interêt pour la simple et bonne raison qu'il s'agissait de fourmis aux yeux de Murcielago. Et du haut de son immortalité, il les regardait en biais sans ne ressentir la moindre pitié. Son visage se tourna vers un souffle devenu de plus en plus palpable, tandis que ses nombreux sonido le transportèrent vers ce qu'on appelle un magasin à l'allure scrupuleuse. Étrécissant les yeux, il se rapprocha sans se dépêcher. Sa lenteur n'avait d'égale que sa folie, sa grande fatuité. Il souhaitait réduire en bouillie cet homme et écraser de sa main le cerveau du créateur du Hogyoku.

L'envie d'exploser cette petite maisonnée lui démangeait l'esprit tout comme celle d'y entrer sans s'inviter, souhaitant jauger la force des soldats du Fou. Ses pieds s'ancrèrent finalement au pas de la porte, approfondissant son ouïe déjà bien fine pour percevoir les battements de coeur de chacun. Mais alors que ce dernier allait jusqu'à forcer l'entrée, une petite voix féminine l'interpella. Mué par cette effluve humaine, Murcielago fut totalement ensorcelé par l'odeur. Il tua la distance les séparant en une marche normale jusqu'à parvenir en face d'elle. Seulement, elle lui passa à travers le corps tout en continuant à chantonner. Sa déception fut si immense qu'il se retourna pour l'attraper, suscitant l'un des cris les plus aiguës qu'il eut connu dans son existence. Murcielago la traina quelques secondes avant de la retourner, apercevant son visage effrayé et incrédule. Comment réagiriez vous si d'un coup, vous vous faisiez propulser par on ne sait quel miracle ? Il était évident que cette petite fourmi ne le voyait pas. Ne se faisant pas prier, le Hollow amorça son absorption dans l'idée de s'en nourrir...

Mais ce n'était rien d'autre qu'un message... des ambages, un traquenard. Et il viendrait, à n'en point douter.
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Solitude.
Un unique mot.
Solitude.
Pour Kisuke, ce mot représentait tant et si peu à la fois. Trahi, exilé injustement pour avoir protégé les siens, il ne pouvait dorénavant plus retourner chez lui. Accompagné uniquement de deux amis, il avait refait sa vie. Une nouvelle vie. Différente.
Youruichi, Tessai. Il avait rencontré des gens très intéressants, Ginta, Ururu, et plus récemment avait fait la rencontre de nouveaux encore: Ichigo et ses amis.
Ses Amis.
Sa Famille.
Mais il ne l'aurait jamais avoué, tenant bien trop à son indépendance, à sa liberté. Orgueil peu être. Même lors de son temps à la Soul Society en tant que puissant Capitaine, il s'était démarqué des autres par sa fantaisie, due à son intelligence hors norme, certes, mais aussi simplement à lui-même. Tout simplement. Il avait participé à une évolution importante, créant un Bureau de recherche Technologique, employant des personnes que le système avait rejeté. Kurotsuchi Mayuri.
Et même à cette époque, il avait eu une famille. Hiyori. Petite fille blonde. Kisuke sourit à l'évocation de ce souvenir. Elle l'aurait surement frappé s'il avait osé l'appeler ainsi. Avant. Son sourire disparût. Il avait échoué à la protéger, elle, sa première famille. Et même après tout ce temps, il n'avait pas réussi à se le pardonner. Le pourrait-il un jour?
De la fumée s'élevant doucement de sa longue pipe, Kisuke observait le ciel. Bleu. Égal à lui-même. Trop puissant pour changer. Immortel.
Même lorsque des éclairs le déchiraient, et lorsque la pluie et les nuages le changeaient en champs de bataille infini, il finissait toujours par retrouver sa couleur bleu, peu importe le temps qu'il fallait attendre. Toujours.
Fermant les yeux sous son bob, devenu une extension de son corps à force d'habitude, il soupira. Doucement.
Regrets.
Solitude.
Et Espoir.
Le monde n'avait pas arrêté de tourner. Et bien encore, il requerrait sa présence afin de persister, afin de se dresser face au Mal. Kisuke se tiendrait là pour le protéger. Pour protéger les siens. Sa famille. Ce mal qui rongeait les gens avides de pouvoir, de richesse. Tant de choses futiles. Au détriment des autres êtres existants.
Aizen.
L'incarnation de cette folie, indestructible, sans fin. L'avidité. La cause de son exil.
Refusant de s'apitoyer sur son sort, Kisuke décida qu'il était grand temps de retourner à sa nouvelle vie. Erreur. Sa vie. Souriant, il se leva et épousseta la poussière qui s'était posé sur sa veste.
Son sourire disparût.

______________

Un changement.
Imperceptible pour un être normal. Un simple malaise indéchiffrable pour quelqu'un d'attentif. Kisuke écouta, ressentit. Le Mal. L'aura émanant de la ville de Karakura avait changée, une ombre pesante nouvelle la recouvrant. Obscure, sauvage, inhumaine. Le danger était là. Partout à la fois.
Enfonçant son bob sur sa tête, Kisuke marcha tranquillement à la rencontre prévue par son destin. Aussitôt l'ombre menaçante s'était-elle étendue sur la ville qu'il avait comprit qu'elle serait là pour lui. Et Kisuke l'attendait.
Rapide.
Très rapide.
Trop rapide.
Sonido.
Le Mal était devant son magasin. L'action n'avait duré que l'espace d'un souffle. Peu être moins. Et maintenant, la vie criait. L'être obscur s'en était prit à une victime innocente. Brutal. Sa vie commençait à quitter son corps, irrésistiblement attirée par l'aura ténébreuse. Absorbée. Sans possibilité de fuite.
Un autre mouvement rapide.
Très rapide.
Poussé par l'urgence.
Shunpô.
Kisuke était recroquevillé sur le sol. Sa cape dissimulant son corps, seul sa tête dépassant de dos. Tenant dans ses bras un frêle corps immobile. Figé. Mort.
Pulsation.
Seulement évanoui.
Il était arrivé à temps, et avait arraché l'être humain à la mort irrésistible. Une jeune femme. Une longue vie tracée devant elle, avec une famille, des enfants, de la joie, des déceptions... Une vie. Qui ne s'arrêterait pas maintenant, grâce à son intervention. Soufflant de soulagement, Kisuke déposa délicatement la femme sur le sol et se retourna lentement. Il était là.
Immobile.
Fier.
Drapé dans son aura obscure, il se dressait de toute sa grandeur devant l'homme au bob, sans aucune hésitation. Son visage ne montrant aucune émotion. Si ce n'était le détachement. Incarnation de la puissance sauvage. Nullement troublé par son intervention, son sauvetage.
Noir.
Murcielago.
Reprenant son visage coutumier traversé par un sourire, Urahara posa sa main gauche sur son chapeau, se grattant le crâne à travers d'un geste gêné.

"Voyons voyons, en voilà des manières bien peu correctes pour inviter des gens! Un simple bonjour aurait suffit! Hé,hé,hé! Je présume que tu ne viens pas pour acheter les meilleurs bonbons de Karakura, n'est-ce pas? Mais je te demanderai une chose: Ne restons pas ici. Cette ville est trop fragile et comporte de nombreuses vies humaines, nous savons tous deux qu'il est inutile d'impliquer d'autres personnes dans nos problèmes, n'est-ce pas? Suis moi, je suis sur que cela ne devrait pas te poser de problème."

Se retournant, Kisuke disparût.

_______________

La salle d'entrainement indestructible sous le magasin semblait la meilleure option.
Pourtant il y avait un problème. Si cette salle permettait de libérer sa puissance sans limite, dans le cas d'un échec de la part de Kisuke, Murcielago n'aurait plus qu'à sortir de la salle et il serait libre. De détruire la ville à sa convenance.
Inacceptable.
Kisuke se dirigeait donc vers un endroit désert, de simples montagnes, des plateaux rocheux, sans vies humaines à mettre en jeu. Un endroit idéal. Quelques secondes. le temps d'un Shunpô. Et il arriva. Respira un grand coup, il réajusta sa tunique et son bob et se retourna vers la bête qui ne l'avait pas lâchée d'un pouce.

"Hé,hé,hé! Cool comme endroit, non? C'est un peu comme ton chez toi mais sans le sable et avec des montagnes, non? Hé,hé,hé! Alors dis moi, que veux tu maintenant, boire un thé? J'en ai un très bon qui est arrivé juste hier, je comptais le garder pour une occasion spéciale..."

Souriant de manière ostentatoire, Kisuke attendait la réponse de son invité.
Un sourire moqueur.
Enfantin.
Presque gêné.
Pourtant, qu'il savait inutile.
Sa canne serrée fermement dans sa main droite.
Prête à être utilisée.
Un mot prêt à être prononcé.
Benihime.

Subtiliser la proie d'un autre était une grossière erreur, orchestré fort souvent par les fous, les inconscients. Murcielago relâcha un bourdonnement de mécontentement tandis qu'il se redressa de toute sa taille, rabattant ses ailes vers lui pour ne pas les considérer comme étant une gène. La gestuelle de Murcielago était tellement leste et imprévisible qu'il était impossible de prédire ce qu'il souhaitait faire. Bien-sûr la grâce et délicatesse avec laquelle il se mouvait pouvait facilement dresser les poils sur le corps d'un humain. D'un Capitaine Exilé ? Certainement pas, mais s'il fallait attirer la peur chez l'homme au bob qui n'avait de cesse de plaisanter à chaque situation critique, alors Murcielago savait comment s'y prendre. Comment faire baisser son sourire. Comme faire tarir sa fausse joie dont il se passerait volontiers.

Finalement, l'être au charme singulier le convia à le suivre, raidissant les membres de la bête noire, bien qu'intéressée par la suite des évènements. Que lui réservait-il, s'agissait-il d'un complot destiné à le faire choir ? Que nenni. Murcielago n'avait pas lieu d'être entourloupé par un fou d'échiquier. Il approcha d'un pas trainant, tandis qu'Urahara s'enfonçait dans un vide outre sûr que le magasin. S'il avait fallu détruire ce vaste habitacle retenant en son sein une panoplie de bonbons, il l'aurai fait sans le moindre remord, sans réfléchir à deux fois parce que tout simplement, il était la progéniture du chaos et du néant, un assemblage des deux, une fusion parfaite de la mésentente et du vide. Il n'était pas que Ulquiorra, mais Murcielago. Cette petite subtilité faisait de lui un être à part entière, et tout à fait hors norme, jamais reconsidéré des auteurs susceptibles de créer l'être parfait.

Le court voyage semblait regorger d'essence spirituelle, comme si Karakura ne lui était pas si inconnu. Évidemment, après avoir vécu tant d'années dans un corps puissant, il s'était senti terriblement léger lorsqu'il fut relâché dans la nature, tellement qu'un amas de reaitsu ne pouvait que lui rappeler son ancienne condition.

Tiquant en voyant l'immense ciel ainsi que ces montagnes rocailleuses, l'impression d'avoir été surpris par un si étrange être déplut particulièrement au Hollow. L'amener loin des humains... Son oeil coula aux extrémités de sa vision pour ne voir qu'un désert, comparable à celui du Hueco Mundo, faisant froncer le nez de Murcielago qui n'avait aucune confiance en cet endroit ni en cet homme jamais cerné. Aizen lui-même avait parlé de Urahara comme étant le créateur du Hogyoku, et que sans lui, jamais l'Espada nouvelle génération aurait pu voir le jour. Bien.. Et maintenant que le seigneur du HM possédait un pouvoir conséquent, pourquoi ne pas mettre fin aux jours du géniteur du mal.. c'est à dire celui qui tenait son chapeau pour l'empêcher qu'il ne s'envole.

" Une occasion spéciale.. ?" déclara le Zanpakutoh dont la voix modulée rappelait celle du hollow intérieur de Shirosaki..en moins dynamique. Son pied frotta le sable pour dépasser son autre, et ainsi fut positionné Murcielago, pointant de sa longue griffe noire le créateur. " Je suis spécial pour toi.. ? Serait-ce parce que je suis le fruit de tes idées lumineuses.. Urahara ? " demanda le monstre en pivotant de la tête, comme pour percer la croute mentale de son interlocuteur. Suite à cela, il baissa du buste et de la tête jusqu'a poser sa main sur le sable, avant de planter son regard dans celui du vis à vis. Le sourire de Murcielago ne faisait plus un doute : il ne ressemblait pas point par point à Ulquiorra. Ce n'était rien d'autre que les limbes ténébreuses d'Ulquiorra matérialisées. Sa trop grande tristesse incarnée dans ce Hollow.

Une lance naquit de sa main tandis qu'il pencha de la tête, cherchant à bercer la mélopée de sa folie : " Et si la mort t'attendait aujourd'hui... le jour en serait-il spécial.. ? " Il espéra que oui, et il espéra aussi toucher les habitants ou des nomades face à ses futurs assauts. Dans un redressement, il usa d'un sonido et chercha à atteindre sa proie en frappant de sa lance spirituelle, formant un arc en diagonal dans l'idée de diviser en deux le corps de sa victime.

Kisuke toujours souriant en façade, restait tendu intérieurement, aux aguets d'une prochaine attaque qui arriverait sûrement très vite, destinée sans doute à terminer le combat en un unique coup. Surpuissant.

"Je suis spécial pour toi.. ? Serait-ce parce que je suis le fruit de tes idées lumineuses.. Urahara ?"

Son sourire disparût.
Désireux de toujours garder son côté "cool", l'homme au bob se forçait toujours à sourire en temps normal, il profitait de chaque instant disponible pour faire le pitre ce qui faisait enrager Ichigo et ses amis la plupart du temps. Il allait même jusqu'à plaisanter en plein combat et à se moquer ouvertement de ses adversaires derrière son éventail blanc, même lorsque la situation était critique. Pour rien au monde, il ne voulait revivre le passé.
Voir ses amis se faire abattre les uns après les autres.
Sans pouvoir rien faire.
Leurs yeux le suppliant de les aider.
Être contraint de subir ce spectacle effrayant.
Concocté par Aizen.
Alors, il avait décidé de toujours être souriant, rempli de vie, pour ne plus jamais inquiéter ses proches, pour ne pas qu'ils perdent espoir, qu'ils gardent toujours une mine de vainqueur, qu'ils continuent de lui sourire...
Mais malgré tout, dès qu'un évènement impliquait Aizen ou les malheurs causés par le Hogyokû dont il était le créateur, son visage ne pouvait s'empêcher de se refermer. C'était sa faute. Son erreur. Son fardeau à porter sur ses épaules.
Et Murcielago venait de poser les pieds sur ce terrain glissant.
Un terrain dangereux.
Kisuke commença imperceptiblement à relever le bout de sa canne.
Il ne souriait plus du tout, ses yeux n'étant que deux fentes noires indéchiffrables.

"Et si la mort t'attendait aujourd'hui... le jour en serait-il spécial.. ?"

Lumière.
Mort.
Le pouvoir de ces deux mots étaient réunis dans la main du hollow, accroupi face à Urahara. Une longue lance de lumière brillait d'un profond éclat entre sa paume, arme redoutable, composée de toute sa force destructrice.
Pas un simple coup.
Pas un Cero.
Ni une feinte.
Murcielago sortait le grand jeu dès le début du combat. Il ne voulait pas tester Kisuke ni s'amuser. Il voulait le tuer.
Mouvement.
Très rapide.
Sonido.
Avant que Kisuke ne puisse répondre à sa question, le hollow monstrueux avait bougé. Tellement vite qu'il avait disparu, mais Kisuke était prêt. Il attendait l'attaque depuis un petit moment déjà. Pourtant, il ne put s'empêcher d'admirer la rapidité d'action. En une fraction de seconde, le démon noir s'était retrouvé derrière lui, la lance éblouissante brandie au dessus de sa tête, prête à frapper en diagonale. Un coup destructeur.
Mortel.
Kisuke n'attendit pas plus.
Shunpô.
Ses getas frôlèrent le sol et il disparût à son tour, au moment même ou la lance effleurait son épaule gauche.
Explosion de mort.
L'explosion créée lorsque la pointe de la lance percuta le sol atteignit une ampleur inimaginable. Dans un rayon de plusieurs centaines de mètres, le sol fut dévasté, éventré. Repoussant absolument tout et le désintégrant, le lieu de combat ressemblait maintenant encore plus à un désert. L'attaque avait balayé tous les promontoires rocheux et les irrégularités du sol. Si une quelconque vie il y avait eu à cet endroit, elle n'était plus.
Aucune trace de Kisuke.
Murcielago se tenait immobile, au centre de ce cratère gigantesque.

"Ben dis donc mon gros, tu ne joues pas on dirait! Mais maintenant ça ressemble encore plus à Las Noches, ha,ha,ha!"

Dans le ciel, suspendu dans les airs se tenait l'homme au bob, souriant. Il semblait avoir retrouvé sa bonne humeur et son humour. Mais il n'y avait tout de même pas de place à la décontraction poussée. Sa veste possédait une coupure au niveau de son épaule.
Son bras droit était tendu en avant vers le sol, dans la direction de Murcielago.
Dans sa main reposait une lame.
Avide de sang.
Benihime.
La pointe menaçante était tournée vers le hollow, comme dans un air de défi. Kisuke n'avait pas attendu pour la libérer, il savait qui ses chances de survie seraient nulles sinon. Ainsi, le combat serait bien plus équitable. La tâche qui s'annonçait semblait tout de même ardue, ce serait loin d'être facile.
Ne perdant pas de temps, Kisuke ramena la lame à lui dans une sorte de garde fermée, puis d'un geste vif, il découpa l'air devant lui.
Trois fois.

"Okiro, Benihime!"

Couleur rouge.
Trois vagues mortelles jaillirent de la lame de Benihime, filant à toute vitesse vers Murcielago.
Mortelles.
Très rapides.
Découpant l'air sur leur passage.
Cette triple technique était le résultat de nombreuses années d'entrainement et d'une coordination parfaite entre le Zanpakutoh et son Shinigami. Leur puissance n'était plus à prouver. Tout ce qui se trouvait sur leur trajectoire serait immanquablement tranché net.

"Bakudō no rokujū san : Sajo Sabaku; 63# voie de liaison: Chaines de soumissions!"

Brandissant sa main libre vers Murcielago, Kisuke n'attendit pas que ses vagues touchent leur cible. Il lança une attaque supplémentaire, un Kidô destiné à emprisonner son ennemi.
Une liane.
Non.
Une multitude de lianes jaillirent autour de Kisuke et fondirent vers Murcielago, à la suite des vagues de sang. Se déplaçant à toute vitesse, elles avaient pour mission de capturer leur cible, ou qu'elle soit.
Murcielago ne lui échapperait pas.
Où qu'il se trouve.

Le désespoir devait reprendre son fardeau sur les épaules, et ne jamais se plaindre du poids conséquent de cette masse intolérable. La bête noire ployait sous l'oeuvre du destin, il n'entendait même plus le battement de coeur du Shinigami, Père des malheurs d'aujourd'hui. La curiosité devenait source de destruction, amenant Murcielago à comprendre un peu mieux les hommes. Après tout, le Hollow n'était-il pas lui-même curieux d'en apprendre autant que les autres sur le développement humain ? L'animal se fondit sur sa proie dans l'optique de le terrasser alors qu'il s'enlisa en même temps dans de profondes réflexions bel et bien nuisibles. Il loupa plus qu'autre chose sa cible qui parvint, en plus de ça, à s'écarter. Il manquait sérieusement de précision dans cette forme. Mais pas de rapidité.. Imprévisible...

N'étais-je pas si bon que ça ? Qu'est-ce qui m'empêchait de réussir à atteindre ma cible ? Sour ce monde extérieur, cette lumière aveuglante m'obligea à former de ma main une visière. Un trouble.. ? Voilà ce qui en ressortait après avoir quitté le néant d'Ulquiorra. Tout de noir, tout de tristesse, une seule lune pour orner le monde dans lequel j'avais vecu nuit et jour.. Si jour il avait excité en pareil univers. Je cherchai à m'habituer, à m'ancrer dans cette ambiance lumineuse, alors que je n'avais eu qu'une lumière rubescente lorsque je voyais à travers les yeux d'Ulquiorra... Pas de verdure, ni de nature, nous ne voyions que le sang et la tristesse. Malheureux en tout point.. Nous étions.

De toute évidence, je m'attendais à ce que mon arme fasse de gros dégâts, mais de là à manquer Urahara me fit grimacer de désarroi. Il allait falloir recommencer, ayant pensé pourtant réussir ma toute première prise. Cet être finalement n'était pas dépourvu de facultés, toutes aussi remarquables que dangereuses. Le seul problème étant que plus rien ne me touchait, si ce n'est de manquer mes cibles. Frustré, cet homme renchérissait ma agitation par des mots bien futiles. En quoi étais-je gros d'abord ? J'étais aussi rachitique que mon manieur, si ce n'est plus. J'allais lui faire payer cet affront quand soudain, mes yeux tombèrent sur le sang répandu sur le bras de l'ancien Capitaine. Mes lèvres se retroussèrent tout naturellement, comme si atteindre une part de cet être me rendait fou de joie.. ou était-ce le sang qui avait une incidence sur ma triste âme ? Je ne le saurai dire mais quelque chose de refoulé refit surface en moi, rongeant petit à petit mes tripes avant de venir s'insinuer dans mes zones nerveuses. On appelait ca : l'excitation. Mes doigts se refermèrent sur ma nouvelle emprise.... une lance venait de renaître, tel un fléau. Même si les dires de mon interlocuteur respirait la santé et la bonne humeur, je ne pus que lui répondre par des sourires énigmatiques, ne montrant mes dents que pour mieux le berner dans mes intentions. Et malheureusement, alors que je prévoyais dejà moult stratèges, c'est Urahara qui chercha à frapper le premier. Aussi fourbe que moi.. ou bien, souhaitait-il tenir à sa vie.

- Pourquoi défendre un monde que tu as souhaité anéantir, chose ingrate ? demandai-je d'une voix teinté d'humilité feinte.

Mon ennemi fila droit sur moi, son zanpakutoh en main réagissant à son appel, comme j'eu fais pour le compte de mon Ex manieur. Triste destin que celui de Benihime...Toujours est-il que deux des fuseaux érubescentes vinrent à me transpercer, l'un près du bassin, et l'autre que j'ai su dévier pour éviter au coeur d'être touché. Du sang noir jaillit de ma bouche tandis que je regardais mon ennemi continuer sur sa lancée, n'épargnant guère la redoutable proie que j'étais.. et je le comprenais parfaitement. Être emprisonné une nouvelle fois ne rentrait pas dans mes cordes, je l'interdisais de me toucher de son sort d'emprisonnement. Et pour ce faire, je puisai ma force pour couper court à ma fatigue s'étant accumulée dans cette simple attaque. Plus vigilant je me devais d'être, pour ma survie et le cours des évènements. En un sonido efficace, j'évitai de justesse ses lianes tandis que mon bras amorça un geste fataliste. Une nouvelle fois, je concentrai mon energie en cette lance pour la jeter sur ses lianes. Mais rien à faire, elles dévièrent de leurs trajectoires, et finirent par m'attraper, le reste de mon oeuvre faisant trembler une nouvelle fois la terre.

Contraint d'abdiquer sur le coup, je ne me débâtis point, cherchant à rameuter le mouton noir. Pour ma part, j'étais le loup, n'en déplaise. Et j'usai d'une voix glaciale et meurtrière :

- Je ne suis pas ton ennemi...laissai-je filer pendant que je cicatrisai en un seul moment.

" Je ne suis pas ton ennemi... "

À ces mots, Kisuke, qui s'était élancé à la suite de son attaque d'en l'idée d'enchainer à nouveau une série de coups destinées à en finir définitivement sans laisser au démon noir le temps de réagir, s'arrêta. Alors qu'il avait effectué un Shupô pour se rapprocher de son ennemi emprisonné, il stoppa net son mouvement. Immobile, dans les airs à quelques mètres du sol, il observait cet être qui était venu pour le tuer.
Régénération instantanée.
Pouvoir vraiment intéressant. En une fraction de seconde, il permettait de soigner une blessure reçue, et même de faire repousser des membres coupés. Bien sur, si des organes vitaux étaient touchés, c'était différent, mais bon, n'importe quel combattant un peu dégourdit était capable d'éviter des coups mortels. Kisuke avait étudié cette particularité durant son séjour au Gotei 13 dans l'idée d'en faire bénéficier les shinigami...
Toutefois, ce ne fut pas l'utilisation de ce pouvoir qui stoppa le mouvement de l'homme au bob, mais bien autre chose.
Les yeux.
On dit parfois que l'on peut connaître la véritable personnalité d'une personne ne serait-ce qu'en regardant ses yeux, car ces derniers ne mentent jamais. Ils sont le reflet de l'âme. La pureté qui habite chacun. Kisuke savait pertinemment que des Hollows n'avaient aucun cœur, et qu'ils ne savaient pas ce qu'était une âme. Pourtant, ce qui avait stoppé Urahara dans sa lancée était les yeux de son ennemi. Seulement ses yeux.
Tristesse.
Infinie.
Vide.
Lorsque le regard de Kisuke était tombé sur les yeux de Murcielago, il avait pu y contempler une soif de sang, de mort dès le premier instant. Mais plus que cela, il avait perçu cette sensation de tristesse infinie, de solitude qui l'emplissait parfois lui aussi.

"Ne dit-on pas que le fils ressemble à son père..."

Murmure.
Kisuke avait murmuré cette phrase assez bas pour que Murcielago ne puisse l'entendre. Il releva alors son bob d'un geste lent de manière à dévoiler ses yeux à la chauve souris qui lui faisait face. Elle n'avait pas bougée d'un pouce.
Il baissa son arme.
Leurs regards se croisèrent pour ne faire plus qu'un.
Benihime pointée vers le bas, Kisuke venait d'ouvrir une brèche volontaire dans sa garde.
Confiance.
Un mot pouvant être qualifié d'absurde étant donné la situation, pourtant il émanait de Kisuke sans fléchir.
Certitude.
Kisuke savait qu'il ne risquait rien.
S'approchant doucement de la forme ténébreuse toujours enchainée, il parla, sans le quitter du regard. Les grands yeux sombres le fixaient en retour d'un air toujours indéchiffrable.

"Tristesse infinie que je lis dans tes yeux... Vide... Je suis à l'origine de votre création, à tous, sans exception. Si vous avez vus le jour, c'est uniquement par mes actes. Ou plutôt... À cause de moi. J'ai créé le Hogyokû afin de permettre aux shinigami de se surpasser. Le but de cette création était seulement une évolution, je n'y avais placé aucune mauvaise intention. Hélas, trop naïf, je ne pris conscience du danger que cela représenterait que trop tard. Et même en le dissimulant par tous les moyens, Aizen s'en empara pour son usage machiavélique... Pour moi, la recherche effectuée n'avait que le bien pour but, je ne souhaitais absolument pas créer un monde de cauchemar. Trop naïf.
Ce fut ma première erreur.
Mais il y en a une autre, dont je viens seulement de me rendre compte... Je pensais que l'usage qu'en a fait Aizen menacerait seulement La Soul Society et la Terre, mais j'ai eu tort. Je n'ai pas compris que d'autres souffriraient. Peu être encore plus que nous.
Vous.
Créations malsaines de ce traître fou à lier dans son idée de grandeur. Vous, qui représentez la souffrance... La mort... Dans tes yeux, je ne lis que tristesse, une tristesse immuable qui t'a fait tomber dans le désespoir jusqu'à ce que tu ne ressentes plus rien... Ce vide qui habite ton corps. Sans profondeur apparente. Tu souffres de cette existence que t'a donné Aizen. Il vous a donné corps, vie, puissance, mais en guise d'âme il ne vous a donné que tristesse, rejet, mort. Pour lui, vous n'êtes que des instruments. Mais c'est ma faute... Et même s'il est trop tard, je suis réellement désolé que vous ayez eu à subir tout cela..."

Le silence régnait sur le plateau éventré par les attaques précédentes, l'air ondulant faiblement sur les habits de Kisuke. Benihime était toujours pointée vers le sol, aucune attitude agressive n'émanait du vendeur de bonbons. Ses yeux toujours rivés sur ceux de Murcielago.
Tristesse.
Regret.
Culpabilité.
Et autre chose...
Kisuke Urahara comprenait la souffrance qui résidait dans cette être. Et sa perception changea. Il ne voyait plus un être maléfique, doté d'une puissance capable de détruire des villes entières, de semer la mort avec autant de facilité que le vent soufflait un fétu de paille un brin trop héroïque, mais ce qu'il était réellement au fond de lui. Au plus profond de lui-même.
Perdu.
N'ayant eu personne pour le guider dans cette vie qu'on lui avait donné, il s'était retrouvé seul.
Seul.
Ce mot résonnait aux oreilles de l'homme au bob comme une sentence. Durant tant d'années, il avait apprit à l'expérimenter, à le comprendre, à l'amadouer, à vivre avec, et le voilà qui refaisait surface, d'une manière que Kisuke aurait crue inconcevable: en plein combat mortel.

"Je ne suis pas non plus ton ennemi..."

Une phrase répétée. Une étape du combat réalisée seulement par la parole.
Sans violence.
Sans sang.
Sans mort.
Kisuke, toujours droit à quelques mètres seulement de Murcielago, l'observait en silence, se demandant intérieurement s'il existait réellement une chance pour que la suite du combat n'aie pas lieu. Pour que tout prenne fin maintenant.
Certitude?
Impossible.
Espoir fou?
Probable.
Erreur?
Quasi certain.
Pourtant, il n'avait toujours pas relevé la pointe de Benihime vers son ennemi...

A la vie, à la mort, Murcielago dans une impasse avait cherché à berner son adversaire d'une facon bien déloyale. Jamais encore il n'avait rencontré pareille puissance, peut-être moins exhibistionniste qu'un Aizen dominateur, mais à l'intelligence tout autant machiavélique que son prétendu ennemi. Les deux hommes se valaient aux yeux du Hollow qui, effectivement, ne ressentait là plus rien si ce n'est l'envie de tuer. Ce n'était pas le néant à l'instar d'Ulquiorra, mais bien au contraire, un besoin de combler ce manque avec lequel il avait dû vivre durant de longues années, en compagnie de son eternel manieur qu'il, malgré les apparences, respectait encore. En revanche, Urahara Kisuke avait beau l'impressionner, le désir de mettre fin à ses jours n'avait pas bouger d'un pouce.

En parlant de mouvement, les deux protagonistes s'étaient arrêté de bouger comme le silence venait d'apparaitre au même instant, tout élement en proie à une indicible inertie. Le démon plongea un regard perçant et engimatique dans celui de son vis-à-vis qui baissa son arme sans l'ombre d'un doute, confortant Murcielago dans sa prochaine entreprise. Il n'avait pas l'intention de comprendre les desseins d'Urahara, ou même de compatir. Il n'avait pas non plus envie de repartir sans s'être fait plaisir..Le combat étant pour lui la source de ce plaisir, et non le reste. N'avait-il pas été programmé pour cela ? Assurément. Mais le Hollow ne s'arrêterait pas là, bien au contraire. Au lieu de suivre la ligne directrice de sa vie, il prenait le dessus de son destin, ne souhaitant en aucun cas être manipulé par les fils du sort, parce qu'il rêvait tout justement de liberté, ni plus ni moins.

Suite à quoi, Urahara monologua pour les beaux yeux de son redoutable adversaire, tandis que celui-là même echappa à sa surveillance en préparant des plans. Une idée en lui germa tout en retenant les quelques paroles sensées de cet homme qui l'avait, par un intermédiaire, mis au monde, au même titre que ses congénères, arrivés sur terre par la grande curiosité de l'homme. Il semblait regretter, paralysant sur le moment la bête noire, tout accaparée à comprendre le sentiment qui chamboulait l'homme au Bob. Puis vint le moment où Murcielago se mit à baisser des yeux, rabaissant ses lourdes paupières avant de déclarer, insolemment provocateur.

" Tu as raison.. je ne ressens plus rien. Pas même de gentillesse ou de compassion à ton égard. Je suis né de la main d'un chef d'orchestre tout en me dictant une conscience tout le long de mon existence. Je ne ressens ni haine, ni peine. Le regret seulement de n'être pas sorti plus tôt pour te tuer... car je ne suis pas ton ennemi, Urahara..."

Et une lance jaillit de sa main pour qu'il s'en serve de hachette. Il rompit les liens le retenant, et se subtilisa à sa vision l'instant d'après en usant d'un sonido, pour se retrouver au-dessus de son créateur, le doigt pointé sur sa silhouette alors qu'un fuseau d'un noir de jais et etouffant s'abattit sur sa personne. Presque certain que son Cero Obscura ne l'atteindrait pas, Murcielago attérit à même le sol, lance en main avant de s'offrir à une parfaite concentration qu'il ne fallait pas perturber sous peine de mourir.

- Non.. je serai ton pire ennemi.

C'est alors que le Hollow se dirigea à vitesse grand V en direction de Karakura, souhaitant mettre fin aux jours des humains tant chéris de son créateur.

Erreur.
Kisuke le comprit au moment au Murcielago détourna le regard pour fixer le sol. Face à lui ne se trouvait pas Ulquiorra, l'être qui aurait pu être touché par ses précédentes paroles, parce que directement concerné. Non, face à lui se trouvait définitivement quelque chose d'autre. Quelque chose qui n'avait rien d'humain. Une bête, un monstre.
Muramasa n'avait pas libéré le bon côté d'Ulquiorra, juste une chose disposant d'un corps créé pour le combat, pour donner la mort.
Une arme mortelle.
Elle jaillit de sa main sous la forme d'une lance de lumière. Quelle ironie, qu'un être des ténèbres se serve d'une attaque de lumière pour détruire.
Sonido.
Il avait disparu, avant même que Kisuke ne puisse se remettre en garde. Un étouffant reiatsu, juste au dessus de lui venait de voir le jour, sous la forme d'un Cero Obscura, l'une des plus redoutables attaques dont disposaient les meilleurs membres de l'Espada.

" Merd... "

N'ayant plus le temps d'esquiver, prit au dépourvu, Kisuke n'avait d'autre choix que de le parer. Saisissant fermement la garde de Benihime, il fendit l'air au dessus de sa tête d'un mouvement vif, alors que l'épais rayon n'était déjà plus qu'à quelques mètres de lui-même.
Sur le passage de la lame, un filet de couleur rouge s'échappa, commença à grandir, jusqu'à prendre la forme d'un écran protecteur.

" Chikasumi no Tate; le bouclier écarlate de sang! "

L'impact fut phénoménal.
Lorsque le Cero Obscura percuta l'écran protecteur, Kisuke s'enfonça de quelques centimètres dans le sol sous la pression. Pourtant, ce bouclier avait été capable d'arrêter un Getsuga Tenshô sans le moindre problème. Mais là, on aurait dit qu'il aurait paré un bloc de béton à main nues. L'impact lui avait laissé des fourmis dans le bras, détruisant tous les alentours.
Mais ce n'était pas fini.
Ses sens aux aguets, Kisuke se préparait à la prochaine attaque qui suivrait sûrement, car Murcielago savait en combattant expérimenté que ce Cero, bien que surpuissant était loi de suffire.
Attente.
Interminable.
Et pourtant, rien ne vint. Élargissant la portée de ses sens, Kisuke comprit son erreur.

"Noooon! Je t'en empêcherai! "

Se ramassant sur ses pieds, Kisuke effectua un Shunpô. Pressé par la situation, il en perdit même son chapeau qui vint se poser lentement sur le sol ravagé, au milieu des gravats.
Il s'était fait avoir. Murcielago n'avait pas eu l'intention de l'attaquer, mais de s'en prendre aux habitants de la ville. Mais ce n'était pas fini, car tout excellent pratiquant du Sonido qu'il était, il avait négligé plusieurs points fondamentaux: Premièrement, Kisuke maitrisait le Shunpô, un équivalent du Sonido. Deuxièmement, Benihime était réputée pour être l'un des Zanpakutoh les plus rapides au niveau de l'attaque. Mais par dessus tout: Il était l'ancien Commandant de l'unité de Détention des Services Secrets de la 2eme Division du Gotei 13. Et pour qui garde une prison, il avait été habitué aux tentatives d'escapade.
Premièrement, attirer l'attention.

" Okiro, Benihime! Yaaaaaah!!! "

Fendant l'air devant lui plusieurs fois, de nombreuses vagues rouges de reiatsu filèrent vers la forme sombre à l'horizon qui tentait de s'échapper.
Murcielago.
Et fidèle à elle-même, Benihime était très rapide.
Plus rapide que Murcielago.
Mais ce n'était pas fini.

"Il n'y a plus de chance de rédemption, inutile que je me retienne:
Bakudō no nanajū kyū : Kuyō Shibari ; 79eme voie de liaison: Asservissement en neufs points.
Et encore: « Ô limites des milles technique... Ô respectable main, incapable de toucher les ténèbres... Ô main telle l'étoile filante, incapable de refléter le ciel bleu... Ô route qui se réchauffe à la lumière... Ô vent qui enflamme les braises... Ô temps qui se concentre lorsque les voilà réunis... Il n'y a nulle hésitation, obéi à mes ordres... Balles de lumière... Huit corps... Neuf objets... Livre céleste... Trésor enfouie... Grande roue... Donjon gris... Visez au loin... Dispersez vivement et proprement lorsque vous tirerez... »
Hadō no kyūjū ichi : Senjukō tentaihō ; 91eme voie de la destruction: les mille mains du canon du ciel éclatant!"

Une technique d'immobilisation de niveau 80, suivie d'une technique de destruction de niveau 90: Kisuke n'avait plus aucune hésitation.
Le sort de Bakudô consistait à créer des trous noirs miniatures autour de la cible au nombre de huit selon une forme circulaire, puis un neuvième apparaissant alors sur la cible au niveau de l'abdomen l'immobilisait définitivement. Quand au sort de Hadô, il n'avait qu'un seul but: éliminer la cible.
Des pieux de lumière, plus grand qu'un homme fondirent sur Murcielago ne laissant aucun répit et aucune ouverture. Milles colonnes de lumière explosant à l'impact et ayant pour but de réduire la cible en miette, filèrent à toute vitesse sur la bête noire. Précédés par les vagues rouges mortelles.
Cette fois-ci, Murcielago aurait du mal à s'enfuir.
Beaucoup de mal.
Kisuke observait son œuvre de mort se rapprocher à toute vitesse de son ennemi.
Non.
De son "pire ennemi".

Je l'entendis derrière moi se maudire d'avoir été aussi naïf.. innocent. Ou peut-être fou. Fou d'avoir cru qu'un jour, l'une de ses créations s'excuseraient de vivre en ce bas monde parce qu'elle faisait le mal. N'était-ce pas risible?

Au final, l'être à l'aspect de chauve souris dont le corps était effilé usait à outrance de son shunpo non pas dans l'optique d'échapper au Père du monstre qu'il était, mais tout simplement parce qu'il souhaitait se venger. L'affreuse envie d'en éclater plus d'un et de profiter d'une effusion de sang lui devinrent impérieux pour bien des raisons. Évidemment, il ne fut pas surpris de sentir en son dos une présence de plus en plus marquante, enveloppant même son aura démoniaque. Il pivota légèrement de la tête pour trouver au coin de l'oeil l'obscure silhouette de son ennemi armé jusqu'aux dents, surtout lorsqu'il s'agissait de sauver le monde. Souhaitait-il se racheter en supprimant l'une de ses oeuvres sans la moindre once de remord ? Murcielago trouvait pitoyable comme éprouvant de vouloir réparer les fautes du passé. Après tout, s'il regrettait ses anciens actes, il n'avait pas qu'à pousser sa curiosité si loin. Il était tout à fait légitime cependant de vouloir réduire en poussière la moitié d'Ulquiorra dont le but comme étant celui de détruire Karakura n'était que trop dangeureux et loin d'être louable.

Il pourrait passer son temps à critiquer le shinigami exilé le poursuivant avec vigueur, tout comme les humains que la bête noire comptait anéantir de manière irrévocable. Et c'était bien ici le problème car s'il y parvenait, il n'était pas certain d'être satisfait de son acte qu'il considérerait comme de bénin. Toujours est-il qu'il sentit la signature spirituelle de son ennemi s'amplifier durant leur course, l'avertissant d'une première offensive que Murcielago devait à tout prix éviter sans quoi il n'aurait ni le temps et encore moins les possibilités d'arriver à terme. La vengeance le consuma du tréfonds de ses entrailles tandis qu'il pivota de moitié de son corps afin de se concentrer et sur sa course et sur l'assaillant qui comptait mettre fin à ses jours une bonne fois pour toute. Après tout, le hollow ne s'était pas explicitement moqué de lui sans aucun scrupule ? Malgré tout, force était de constater qu'Urahara Kisuke paraissait bien plus fort qu'Aizen le présageait, estimant que même la Cuarta Espada pouvait faire main basse sur lui. Ce qui laissa dubitatif la chauve souris qui était bien plus puissante qu'Ulquiorra.

Une énième lance jaillit de ma main tandis que mon regard perfora ce qui me servait de vision d'horreur : un homme au visage déchiré par la colère et la peur. Peur que je ne réussisse dans mon entreprise où je me savais gagnant. Car il s'avère que mon envie de réussir était bel et bien là. Je comprenais avec évidence cette soif de rédemption de sa part, et au même titre, de vouloir bien faire. Seulement il était trop tard. Réparer ses nombreuses erreurs n'était autre qu'une idée révolue et vaine, relevant de l'utopie. Mais je devais bien avouer que mon but principal n'était pas la destruction de Karakura mais de tout autre chose. Juste le tuer, lui. Pour m'avoir mis au monde ainsi que mon maitre. Nous étions à nous deux le néant. Le vide, nous tuant à petit feu de s'interroger continuellement et inlassablement sur ce monde d'un complexe nuisible. Je n'en pouvais plus de ne trouver aucune réponse sinon la misère sur cette planète. Pourquoi Urahara tendait-il à sauver ce peuple dépourvu d'honneur et de bonnes intentions ? Et quand bien même, j'avais beau les trouver foncièrement bons ou mauvais, je les aurai détesté tôt ou tard car cela était dans ma nature. Nature d'anéantir tout corps physique ou spirituel à mes cotés.

Un rire aussi profond que machiavélique naquit de mes entrailles sous la rage que j'avais suscitée chez cet être o combien énigmatique.
" Tu souhaites me mettre en cage .. ? Tel un vulgaire oiseau ? " fis-je d'une voix mélodique et calme sans que toutefois mon sourire ait quitté mes lèvres. Je me mis subitement à disparaitre devant les yeux du stratège et me dirigea d'en dessous de lui, quand bien même je sentis les liens spirituels rouges s'empresser de me toucher, ce qui ne tarda pas. Mon aile fut touchée au même titre qu'une de mes cuisses, m'obligeant à me servir que de l'autre désormais pour les quelques petites minutes à suivre. S'il s'en arrêtait là, j'étais persuadé d'atteindre mon objectif sans trop de mal car je pointais dejà mon doigt sur lui. Mais il me surprit lorsque je me sentis bloquer soudainement sans que je puisse y faire quelque chose. Mon regard s'agrandit de surprise me forçant ainsi à me concentrer sur cette grande vague de reaitsu déferlant sur le monstre que j'étais.

Et sans aucune hésitation, je fis naitre en mon sein ce qui servirait d'impact au sort du puissant Hado que m'avait lancé Urahara. Pour rivaliser avec un tel sort dont la puissance me paraissait palpable, seul un Cero Obscura pouvait jurer face à cette puissance, et encore.. mes membres paralysés ne me permettaient en aucun cas d'agir selon ma volonté mais, jamais il ne m'était interdit de tirer de n'importe quelle manière. Ce sort de Hado allait jusqu'à brider mon énergie mais je pus sans problème faire face à ce défi de taille, et lâcha de mon trou de hollow le fuseau noir au son bourdonnant pour empêcher ces lances de me pourfendre de toute part. Il s'agissait de mon unique chance car je voulais survivre, et je me rendais compte qu'Urahara n'était pas aussi facile à éliminer, à mon grand dam. Ma haine se décupla, tout en me maudissant de n'avoir assuré. Je me sentis projeté par l'explosion sans pouvoir nonobstant les circonstances me détacher de ces points spirituels.

J'étais pris au piège. Adossé à même le sol, j'attendis qu'il vienne, une seconde fois encore tout en me sachant soumis. Cette fois ci, le silence fut plus important que mes mots, quand bien même l'envie de l'intimider me démangea. Les paupières closes, j'allais jusqu'à me demander si compromis il y aurait..si et seulement si ce dernier me laisserait la vie sauve..

Spoiler:

Spoiler:

Kisuke avait prié pour qu'au moins l'une de ses attaques atteigne sa cible. Il était inacceptable que Murcielago s'en prenne aux habitants de Karakura, Kisuke aurait tout fait pour l'en empêcher. Aussi, lorsque ce dernier se retourna pour faire front, il ne put se retenir de lâcher un soupir de soulagement.
Il avait réussi à détourner son attention.
Et il ne le laisserai plus s'enfuir à nouveau.
Alors que la technique lancée par Benihime percuta la Hollow, ce dernier s'était déjà élancé au dessous de Urahara, mais il était inutile de s'inquiéter, en plus de l'attaque initiale il avait prévu deux puissants sorts de Kidô qui le maintiendraient à distance. Une partie de son aile et de sa cuiise furent arrachées sous l'impact, mais cela ne semblait nullement l'affecter. Et d'ailleurs, de fins filaments commençaient déjà à s'épaissir pour retrouver la forme originelle des membres.
Régénération instantanée.
Quelle formidable faculté, surtout que Urahara savait que Ulquiorra, l'ancien maître de Murcielago était le meilleur dans ce domaine de tout le Hueco Mundo. Inutile de se dire que Murcielago, son ombre, possédait très certainement la même faculté. Kisuke avait bien comprit que son attaque n'avait en aucun cas menacée, ne serait-ce qu'un instant, la vie du démon noir.
Mais ça l'avait ralenti.
Et le sort d'asservissement le frappa de plein fouet. Les trous noirs miniatures encerclèrent Murcielago, dont le visage se para un instant d'incompréhension, puis le neuvième trou noir apparût, le scellant définitivement. Enfin, c'est tout du moins ce que Kisuke espérait. Surtout le temps que les milles colonnes de lumière le frappent de plein fouet.
Cela n'arriva pas.
Murcielago, contre toute attente, produisit un Cero Obscura qui contra le sort de niveau 90.
Cero Obscura.
Le meilleur Cero possible réservé seulement aux plus puissants Espada, et dont Ulquiorra avait une parfaite maîtrise. Sur toute la trajectoire du rayon, tout fut littéralement balayé, soit par le rayon lui-même, soit par la terrifiante aura maléfique et étouffante qui s'en échappait. A vrai dire, Murcielago venait de transformer un nouvel endroit en nouvelle scène de désolation la plus totale. C'était certain, Ulquiorra était vraiment l'Espada destinée à apporter le désespoir...
Ulquiorra?
Kisuke comprit.
En continuant comme ça et en comptant la capacité extraordinaire de régénération de Murcielago, le combat ne finirait sans doute jamais, aussi, ce n'était pas par la puissance des techniques purs qu'il fallait lutter, mais par l'esprit.
Stratégie.
Et Kisuke avait une excellente idée derrière la tête, même si elle impliquerait un certain sacrifice... Minime en comparaison du résultat qu'il escomptait.
Il le tenta.

" Alors mon petit Murci, tu es ENCORE immobilisé? Cela ne te rappelle pas déjà notre début du combat où je t'avais déjà immobilisé? Ne me dis pas que tu comptes te faire immobiliser toutes les trois minutes, sinon je vais réellement finir par m'ennuyer!
Je suis certain qu'Ulquiorra, ton MAÎTRE n'aurait fait qu'une bouchée de mon sort d'asservissement en neufs points, et l'aurait annulé d'un simple battement d'ailes. Tu lui est vraiment INFÉRIEUR, mais bon après tout c'est normal, non? Tu ne restes qu'une simple petite partie de lui-même! Enfin, je présume que c'est tout ce qu'on peut attendre de quelque chose comme toi qui est incomplet. Rassure-toi, une fois que je t'aurais vaincu, c'est à dire très prochainement, j'irai voir ton MAÎTRE pour lui porter tes restes, s'il y en a! Ha,ha,ha!
Je lui dirai que tu étais assez divertissant! Ho,ho,ho! "

Avec l'air le plus condescendant qu'il pouvait utiliser, Kisuke sortit son éventail pour se mettre à rire ouvertement de son adversaire. Il se tenait le ventre et était complètement plié en deux devant l'impuissance de la chauve-souris obscure.

" Pauvre bête, qu'est-ce que dirait Ulquiorra, ton MAÎTRE s'il te voyait dans cet état, je suis certain qu'il déciderai de t'achever lui-même tellement il aurait honte... "

Colère.
Kisuke avait aperçu cette lumière caractéristique dans les yeux pourtant toujours dénués d'expression de Murcielago. Et cela lui convenait parfaitement, il devait absolument TOUT mettre en œuvre pour le mettre en colère... Et le pousser à attaquer.

" Enfin, cela ne lui aurait pas trop posé de problème, je suis sur qu'il t'aurai terrassé en UN SEUL coup, étant donné ton niveau actuel, tu n'es pas vraiment une menace pour quiconque, et encore moins pour ton propre MAÎTRE... "

Maintenant, tout n'était qu'une question de timming.
De secondes avant que la rage de Murcielago n'explose et qu'il libère totalement sa fureur, et par la même occasion, sa puissance. De secondes? Peu être moins...
Et Kisuke se devait d'être prêt.
Tout au long du combat, non, depuis que Murcielago avait posé un pied dans la ville le brillant esprit d'analyse de Kisuke avait fonctionné à plein régime. Et, après lui avoir parlé et l'avoir affronté, il était arrivé à une conclusion intéressante, car elle lui permettrai peu être de remporter la victoire: Murcielago n'était pas Ulquiorra.
Cette révélation pouvait paraître absurde, car tellement logique, et pourtant, elle était fondamentale, et Kisuke avait faillit l'omettre.
En effet, un Zanpakutoh, qu'il appartienne à un Shinigami ou à un Arrancar n'EST pas ce Shinigami ou cet Arrancar. Le meilleur exemple est surement Kazeshini, le Zanpakutoh de Hisagi, qui a des pulsions sanguinaires et meurtrières alors qu'à l'inverse, Hisagi déteste se battre et donner la mort à des adversaires. Deux esprits en pure contradiction qui œuvrent pourtant ensembles. Et Kisuke avait longuement étudié la relation liant les Shinigami à leur Zanpakutoh, et il en avait fait une déduction: Maître et Zanpakutoh ne partage pas toujours le même point de vue, et ce sont des entités propres qui pensent par eux-même, chacun ayant ses propres sentiments.
Aussi, dans la situation présente, bien que Murcielago provienne de Ulquiorra, le néant, le désespoir, il n'en était rien et il n'était pas la Cuarta Espada. Kisuke en avait prit conscience lorsqu'il avait décidé de s'attaquer à la ville de Karakura pour le provoquer. Provoquer? Ulquiorra dont l'esprit est vide n'aurait jamais prit en compte ce genre de considérations, tout simplement car il est en dehors des sentiments. Mais pas Murcielago.
Et c'est également son point faible.
Car il ne l'a pas encore comprit.
C'est pourquoi, Kisuke s'efforça de lui faire ressentir ce violent sentiment, ce sentiment qui enlève toute raison et brûle l'âme au plus profond d'elle même, la rendant totalement aveugle.
Colère.
Non.
Haine.
Et d'après le regard de Murcielago, Kisuke en était vraiment très proche... Ce n'était pas le moment de se laisser distraire, la partie la plus corsée de son plan approchait, et l'homme au bob garda sa concentration intérieure alors qu'en extérieur, Murcielago ne pouvait voir qu'un vendeur de bonbons se riant ouvertement de lui et de sa faiblesse en comparaison de l'être qu'il déteste le plus au monde.
Ulquiorra, La Cuarta Espada.

Urahara...L'homme avec qui je n'aurais jamais dû me battre. Jamais encore je n'étais tombé aussi bas, face aux redoutables manœuvres de ce génie à la colère refoulée. Je me souvins encore du changement de son expression lorsque je l'eus trompé, réduisant définitivement le grain de compassion qu'il avait ressenti à mon égard, sans savoir si cela allait écorcher mon ego ou épancher ma colère. Seulement, il m'était impossible de ressentir le moindre sentiment humain, qui à mon sens, ne pouvait égaler les miens. Effroyable, monstrueux, calculateur, machiavélique et fier... mais plus encore inébranlable. Je pouvais à loisir remercier mon ancien manieur de m'avoir conféré cette part d'indifférence lui étant coutumière. Je le connaissais comme si je l'avais fait, et réciproquement, il savait.. qui j'étais. Mais par bien des moyens, j'avais dû dissimuler ma soif de tuerie. Minutieux, contrairement au barbare sanguinaire et bête, j'offrais la mort sur un plateau d'argent. Bon gré mal gré, je m'étais vu obligé de suivre le raisonnement d'Ulquiorra sous peine de perdre mon identité. Car je me pensais inapte à la pensée, quand bien même ma tristesse de ne point agir à mon gré réduisait à l'état de cendre mes entrailles. Pourtant un jour, un être m'avait fait don de la liberté, ce dont je rêvais depuis fort longtemps.

Muramasa...

J'inspirai doucement et profondément, cherchant à ancrer mon regard perçant dans celui de mon ennemi qui, malgré moi, avait réussi à m'emprisonner, une seconde fois. Une énième fois n'aurait pas été de trop pour l'être que j'étais, insensible à la provocation.. ou du moins, aux piètres manigances de ce fourbe et grossier personnage qui osait me faire face, altier et victorieux. De toute évidence, je ne me leurrais pas... Urahara avait le dessus sur moi. J'avais cru pouvoir lui arracher le coeur avant d'éclater une par une les veines et artères, mais il s'était avéré que mon entreprise venait d'échouer, lamentablement. Que me restait-il alors, si ce n'était le désespoir.

Qu'est-ce que... Le désespoir ?

Et puis, finalement, mon visage déclina quand l'ombre de mon adversaire se mit à engloutir ma fine silhouette. Mes prunelles reptiliennes furent ensevelies sous les rideaux de peau tandis que mes deux oreilles allongées se tendirent aux dires de l'homme au chapeau. Un léger souffle vint lécher mon corps endolori et tendu au possible pour que prenne forme en mon esprit l'ébauche d'un nouveau projet. Au grand malheur, mon âme vibra sous les mots provocants et insupportables...Comment cet être arrivait-il à viser aussi justement, cherchant ainsi à m'intimider et à me sensibiliser plus avec des mots que de puissantes attaques. Alors oui, mon mépris grandissait au même titre que l'envie de fuir. Cependant, Urahara ne me connaissait pas, à son grand dam ; car ma fierté pouvant se réduire à très peu, je n'y voyais plus qu'une issue pour ne point finir chassé, encore et encore. Mourir ? Impossible, cette fin ne m'était pas destinée. Finir dans les filets de ce blondinet ne faisait que ralentir mon entreprise, car Karakura finirait tôt ou tard en débris, qu'à cela ne tienne. Au final, je ne pus me restreindre qu'à lui répondre, avant que mon instinct ne reprenne le dessus sur ma condition afin de me libérer de cet odieux étau :

- Je suis quatre fois plus puissant qu'Ulquiorra, qui n'a pas su me retenir. Sache le.. Urahara... Je ne suis pas celui sur lequel tu te bases. Et mon envie de te tuer n'a point été aussi déguisée que la tienne. Pourquoi hésites-tu à me tuer séance tenante si ce n'est que tu préfères me pourfendre dans le dos, tel un lâche. A chacun sa faiblesse, Père.

Un reflet émeraude vint illuminer la paume de ma main tandis qu'une nouvelle lance s'en échappa sous ma demande. Ne pouvant néanmoins me mouvoir à ma guise, je me concentrai sur ma droite afin de tourner du poignet dans l'idée de me trancher le bras gauche qui la seconde d'après se remit à engendrer l'os, le muscle, les cellules nerveuses, la chair, puis la peau. Et pendant que ma main se dessina de mieux en mieux dans le vide, ma dextre s'orienta de manière trancher mes jambes, me libérant des attaches spirituelles du sort. Ne souhaitant alors aucunement lui laisser le temps de répliquer, mon doigt fit mouvoir le sable telle une légère tornade tandis qu'un réaitsu d'une puissance effroyable entoura mon corps. A mesure qu'elle prit de l'ampleur, mon énergie occasionna pour la énième fois un grand Rey Cero qui toucha à même le sol et non pas Urahara. Le but ? Me propulser à des kilomètres tout en perturbant mon vis-à-vis qui ne pouvait en réchapper facilement. Ainsi mon corps, ou du moins les extrémités trouvèrent le temps de se régénérer tandis que mon hierro subissait les dégâts de ma propre force.

Ne pouvant demeurer plus longtemps, j'engendrai de mes doigts un gargantua. Me rendant à l'évidence, il m'était pour le moment impossible de le tuer en un seul coup, et encore moins de lui tenir tête pendant des heures. Alors, je lui promettais un retour qui ne serait plus de tout repos, à bon entendeur.

Spoiler:

Seconde.
Dans certaines circonstances, cette petite chose appelée seconde peut paraître d'une longueur interminable. Comme sans fin. Et ici, Kisuke voyait l'action au ralenti, comme drapée dans un voile opaque empêchant tout mouvement, même sa respiration semblait s'être ralentie, voire arrêtée.
Il attendait une unique chose, totalement concentré sur ce détail, cet infime instant qui lui permettrait d'accéder à la victoire, qui lui permettrait enfin de prendre le dessus contre cette adversaire surpuissant et dangereux.
Seconde.
Il guettait la bonne seconde. Le moment où Murcielago exploserai sous l'effet de la colère et serait alors vulnérable. Ce moment n'arriva jamais.

" Je suis quatre fois plus puissant qu'Ulquiorra, qui n'a pas su me retenir. Sache le.. Urahara... Je ne suis pas celui sur lequel tu te bases. Et mon envie de te tuer n'a point été aussi déguisée que la tienne. Pourquoi hésites-tu à me tuer séance tenante si ce n'est que tu préfères me pourfendre dans le dos, tel un lâche. A chacun sa faiblesse, Père. "

Et alors l'improbable se produit.
Au lieu d'attaquer Urahara, la bête du Hueco Mundo s'attaqua à... son propre corps. Se frappant à l'aide de ses lances de lumière destructrices, il s'arrachait bras et jambes sans la moindre hésitation et sans montrer un quelconque signe de douleur.
Kisuke ne comprenait plus rien. Comment un diable ne vivant que pour tuer et apporter la souffrance aux autres s'infligerait-il lui-même des blessures?
Au moment où il se drapa de son reiatsu étouffant et où il lança le gigantesque Grand Rey Cero, Kisuke comprit.
Murcielago n'avait pas décidé de s'autodétruire. C'était l'inverse. La bête sanguinaire tapie au fond de lui-même ne voulait pas abandonner sa vie de massacre et de douleur, et elle avait opté pour une solution indigne, mais qui lui permettrait de rester en vie, et de revenir plus tard pour tuer à nouveau.
La fuite.
Mais Kisuke n'eut pas le temps d'intercepter le démon que ce dernier avait déjà ouvert un garganta et avait plongé à l'intérieur de celui-ci. L'énorme gouffre noir se referma dans un crissement de dent, avalant toute trace de celui qui l'avait affronté.
Le plateau était redevenu calme, parcouru seulement par le souffle du vent. Seul le sol ravagé témoignait du terrible affrontement qui avait eu lieu. Il était désert, aucune trace de vie à l'horizon.
Sur le sol reposait un bob rayé poussiéreux, comme un vestige de l'action passé. Et un unique murmure.

" Ton père t'attendras... "

» Urahara-Enigmaaa!!!
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