Le poulpe et la marée noire: rencontre naturelle de deux phénomènes de la nature

Gaaaaaaaah, mais qu’est-ce que j’ai faim, moi !!!!

Tout en prononçant ces mots, je baille et je m’étire langoureusement, alors que je déambule tranquillement dans les couloirs de Las Noches. Mon ton de voix et ma posture laissent probablement peu de doutes sur mon état mental et stomacal, aux yeux de ceux que je croise. D’ailleurs, je remarque avec satisfaction l’incompréhension totale qui s’affiche sur certaines frimousses, et ave joie la peur qui se lit sur d’autres. Hmmmmm, qu’est-ce que c’est bon, quand on est entendu dans sa détresse!!! Enfin, j’exagère peut-être sur les termes, reconnaissons-le. A vrai dire, je n’ai si faim que ça, juste un petit gargouillement… mais ce n’est pas une raison pour ne pas le dire ! Ce n’est quand même pas n’importe qui qu’a faim, non mais oh, je vous rappelle que c’est de moi qu’on parle ! Et moi, c’est Sexta Espada, Luppi (et vous pouvez même rajouter un « Sama » derrière si vous voulez… ne pas mourir)! Alors si j’ai faim, il est tout à fait logique et normal que les inférieurs le sachent !!! Après tout, je suis quand même leur patron, après Aizen-Sama ! S’ils sont assez disciplinés, ils iront me chercher une friandise mangeable… j’ajoute le terme « mangeable » car à Las Noches, on n’est jamais à l’abri d’une farce alimentaire douteuse, avec ces bouseux aux dents longues. Quelle déchéance. Franchement, si tout le monde prenait exemple sur moi, Aizen-Sama n’aurait pas autant d’ennuis sur les épaules, et on serait déjà dans la Dimension du Roi à l’heure qu’il est ! Moi au moins, ce n’est pas les dents que j’ai de si long… ahem, je m’égare…

Alors que je déambule dans les couloirs nonchalamment, je me passe la main dans ma chevelure impeccable, sans le moindre épi malvenu. Je me demande d’ailleurs comment les autres arrancars d’ici (pour ceux qui méritent le terme) font, avec invariablement des chevelures avec une mèche par-ci, un épi par là… même Ulquiorra, pour l’amour d’Aizen ! A croire que c’est une espèce de mode ici ! Mais ça ne peux pas en être une, bien sûr que non… là preuve, moi-même je n’ai pas une telle coiffure, alors on ne peut pas dire que ce soit une mode, voyons, c’est impossible ! Enfin bon, les autres Espadas font ce qu’ils veulent. Aizen les autorise à croupir dans leur propre pouvoir, c’est leur problème s’ils se mettent dans ses pattes avec leurs sales manies, il se chargera bien d’eux en tant voulu. Mais les autres, là, ces petits riens que je croise tous les jours… peut-être qu’on peut au moins leur inculquer des notions de tenue, à EUX ! Mais ils sont si indisciplinés… je sais ! Je vais tous les nommer mes fraccions, et s’ils ne sont pas sages, ils seront bons pour la Caja Négacion… si je suis d’humeur clémente ! Et après tout, je suis un Espada ! C’est de mon droit de prendre qui je veux en Fraccion !

… mais bon, ça va demander du boulot, faire passer le message… sans compter la paperasse. Et il est hors de question d’abimer mes belles mains ou mes belles manches de quelque manière que ce soit ! Non, pas une si bonne idée, tout compte fait…

Mais lui là par contre, il est dans de beaux draps !

Qu’est-ce que tu mijotes toi ? Pourquoi tu fuis de ce couloir hein ? Tu ne m’as pas vu dedans pourtant ! Qu’est-ce que t’as fait comme connerie, que j’te fasse la facture comme il se doit ?

Mais voilà que cette andouille suicidaire continue sa route sans même me regarder ! Il ne m’écoute donc pas ? Ooh l’animal !

Hey toi, reviens ici tout de suite, tu vas voir ce que…

Mais non, rien à faire, le voilà qui tourne l’angle et disparaît de mon champs de vision ! Alors ça ! Je ne l’aurais jamais crû ! MOI ! Un Espada, Nom d’Aizen ! Mais pour qui il se prend ! Il a vraiment de la chance que le tournant n’était pas très loin derrière moi, j’avais le Cero qui me démangeait les bouts des doigts ! Le Gran Rey Cero même, pour une insulte pareille ! D’ailleurs, quand j’y pense, je pourrais très bien le rattraper avant qu’il ne réalise ce qui lui arrive, et mon Trepadora se fera une joie de lui enseigner quelque chose d’utile avec « force » détails…

… mais pourquoi se presser ? Après tout, je finirais bien par le recroiser, et là, il en prendra chèrement pour son grade qu’il n’a pas… oh que oui, je le recroiserais, vu que je croise tout le temps tout le monde. J’ADORE aller à la rencontre des gens. Après tout, n’est-ce pas là l’une des prérogatives des puissants que de s’afficher pour le moral des troupes ? Autant dire que de ce point là, il n’y a que Hallibel qui vaille quelque chose, après moi ! MOI, au moins, je fais l’effort de ça, histoire de prouver aux soldats que quelqu’un de bien plus fort et valeureux qu’eux est en charge de la situation ! Cela relève du bon sens voyons ! Dans ce genre de conditions, si on se fait avoir par ces saletés que Shinigami, il ne faudra pas être surprit ! Las Noches, à mon sens, aurait besoin d’un certain raffermissement. Ah, si seulement Aizen-Sama me donnait plus de responsabilités, ça arrangerait tellement de choses à tous… Me nommer Quinto par exemple, à la place de cette enflure de Nnoitora ! Déjà sans cette vermine-là, on aurait moins de soucis d’indiscipline. Et on pourrait aller encore plus loin… mais autant ne pas insister, Aizen-Sama n’aime pas les pots de colle. Mais mon heure viendra ! Oh oui elle viendra ! Juste être patient…

Et en patientant, je pourrais peut-être voir ce qui a fait fuir cet arrancar de bas-niveau. Après tout, c’est vrai que ce n’est pas moi qu’il a vu dans ce couloir ? Y aurait-il donc quelque chose à même d’effrayer un Arrancar au même titre que moi ?

… Je dois en avoir le cœur net !

Je m’avance donc dans le couloir. Peut-être auriez-vous jugé approprié que je mette le mot « prudemment dans cette phrase », mais il faut savoir être réaliste, je vous l’ai dit ! Un Espada n’a pas besoin d’être prudent, son pouvoir et son titre lui suffisent à ne pas avoir d’embêtements dans Las Noches. Et maintenant que me voilà parmi cette élite, soyez-en assurés, je ne permettrais pas de crasses à mon encontre !

Je dois admettre que ce couloir est assez lugubre tout de même. Des murs noirs comme le plomb, un sol carrelé de manière toute aussi sombre… surprenant. Pourquoi cette partie-là du palais aurait-elle été construite différemment du reste. En tout cas, ces murs ont une texture bizarre au toucher, lorsque j’y pose mon doigt. Et lorsque je le retire… la couleur s’en va avec ? Oui, il y a le marbre blanc d’origine dessous ! Quelqu’un aurait donc repeint cette zone… mais pourquoi ? En tout cas, ce n’est pas de la peinture ordinaire. Plus écailleuse et sèche… et elle a une drôle d’odeur. Je remarque d’ailleurs que cette odeur est quelque peu diffuse dans ce couloir. Pouah, et c’est vraiment désagréable ! Le genre d’odeur qui vous monte à la tête et qui vous donne l’impression de corroder vos cellules cérébrales. Je me couvre le visage avec mes grandes manches. Malgré les médisances sur mon accoutrement, voilà la preuve éclatante de son indéniable utilité. Vous voyez comme je suis prévoyant ? Ca vous en bouche un coin, admettez-le ! Bah, si ce n’est pas le cas, je m’en chargerais personnellement… héhéhé…

Enfin bon, régler votre compte ne fera pas pareil pour celui de cette « peinture », si l’on peut accorder un tel terme à la chose. Il semblerait d’ailleurs que sur le sol, à bien y regarder, il y ait plusieurs couches inégales, comme si quelqu’un s’y était reprit à plusieurs fois sans y savoir quoi que ce soit à la peinture d’intérieure (Et comment-ça qu’est-ce que j’en sais moi ? Bien sûr que j’en sais ! Si un Espada ne sait rien sur un petit truc comme la peinture, comment peut-il espérer être un bon combattant ?). Comme s’il (ou elle, il n’y a pas que mon genre qui est doué de bêtise) s’était trainé tout le long avec une éponge géante imbibée. Oui, il semblait bien avoir une sorte de trainée sur le sol, qui remonte jusqu’à loin dans le couloir. Presque jusqu’au fond en fait. Alors que je me rapproche du bout, une mélodie me parvient aux oreilles. Une mélodie aux tons enfantins, aux petites notes aigües et résonnantes. Elle a un ton qui se veut joyeux, mais étrangement elle me semble particulièrement désagréable, stressante… on aurait l’impression qu’on me racle une casserole avec une fourchette juste à coté de mes nerfs… rhaa, c’est insupportable ! Comment peut-on laisser une pareille mélodie exister ? Autant la supprimer de suite !

Elle semble venir d’une porte entrouverte dans ce couloir. De l’entrebâillure, je peux voir un assortiment de d’objets plus loufoques les uns que les autres, aux couleurs bariolées, étranges, et complètement discordantes. Mais… ce sont des objets humains ! Qui peut entretenir une telle collection ? Un être dérangé, sans doute, pour vouloir s’intéresser à ces aberrations ménagères que sont les humains. Eh bien il lui faudrait rappeler le droit chemin.

SQUISH ! FLATSCH !

Hein ? Voilà que d’ès que j’ouvre la porte, mes deux pieds marchent dans une flaque puante d’une masse informe noire et dégoutante. Beuaaaargh ! Je me recule vivement, histoire de ne pas crasser mon auguste personne d’avantage. Mais c’est quoi cette chose ? C’est une flaque épaisse, pas loin de 2 cm d’épaisseurs, mais pourtant elle ne semble pas vouloir se répandre sur le sol. Et il y a dessus une drôle de coupole renversée, percée de trois trous. Une moitié blanche de boule de « Bowling », ce divertissement humain inutile.

Alors comme ça la philanthropie se propage jusque dans le fiel ! Aizen-sama serait déçu en voyant ça ! Non mais elle est à qui cette chambre pourrie !

Je prononce ces paroles à personne en particulier, mais qui sait, peut-être le propriétaire m’a-t-il tout de même entendu ?

Ca alors, cette chambre regorge vraiment de choses saugrenues ! Des amoncellements de babioles humaines accrochées par-ci par là dans une grande salle aux murs recouverts de cette mystérieuse substance noire que j’avais vue tout à l’heure. Il y a bien des fenêtres, mais vu que la lune est seule reine du ciel de notre monde (notez au passage que le « notre » ne vous inclut pas, vermine humaine), on a vraiment l’impression que cette salle n’est pas éclairée… enfin, il y a quand même cette étrange boule argentée qui reflète des points blancs par-ci par là sur les murs. L’ensemble des choses présentes donnent un effet comme si on avait passé un dalmatien en couleurs négatives, puis qu’on avait repeint la pièce avec sa peau et ses entrailles (c’est bien connu que les chiens bouffent n’importe quelle immondice à leur portée. Quoi, vous ne le saviez pas ? Va falloir que je vous fasse des cours de culture moi !). Vraiment dégoûtant à mon sens ! Ce ne sont pas les entrailles en elle-même qui me dérangent, si l’on doit en venir à ça, mais bon, l’idée serait de s’en servir sur le sol pour faire peur, c’est quand même pour ça que les entrailles ont été crées ! Mais les imiter avec des immondices humaines en guise de décorations murales, c’est franchement du plus mauvais goût. Sans compter qu’une bonne part des objets sont aussi repeints par cette substance noire… qui semble de surcroit les avoir à moitié digérés… bon, là ça devient inquiétant franchement. Une peinture corrosive ? Non mais c’est quoi ce délire ? Vraiment, le locataire de cette chambre a son nombre de neurones dans le négatif ! A mon avis, je doute qu’Aizen sache qu’un endroit de Las Noches soit dégradé de la sorte et aussi pollué. Il n’approuverait certainement pas ! Mes avis donc, de lui toucher deux mots sur la situation et le laisser décider. Ou peut-être devrais-je le faire moi-même ? Mais ça reste à voir… le propriétaire n’est certainement pas un de mes fraccions (normal, j’en ai pas. Je pourrais vaincre une division shinigami à moi seul, alors pourquoi avoir de l’assistance ?). Par contre, il pourrait très certainement être celui d’un autre. Si c’en est un des quatre nullités sur pattes en dessous de moi, aucun souci, de toute façon ils souffriraient atrocement s’ils ne serait-ce que protestaient. Mais si c’en est comme Nnoitora ou Hallibel… ceux-là auraient de quoi poser des soucis, et je ne tiens vraiment pas à abimer mon corps d’apollon. Non, mieux vaut mentionner à Aizen-Sama en personne de cette salle ignoble. Cette chambre souillée et moche qui, en ce moment même, renferme une question existentielle de la plus haute importance, et qui n’est pas aisée à résoudre. Une question qui se formule de la manière suivante :

Non qui c’est qui me touche impuném…. GYAAAAAAAAAAAAAH, MAIS C’EST QUOI CE TRUC ???

Parce que voilà qu’en plus de toutes ces horreurs, voilà qu’un doigt malvenu me touche l’épaule sans crier gare, et voilà qu’en me retournant pour corriger le malpoli, voilà que je vois une grande… chose !!! Je ne sais pas ce que c’est, et une petite voix dans le fin fond de mon esprit est en train de me dire que je n’ai absolument pas envie de savoir. Je sais que Trepadora n’a pas cette voix-là, alors ça doit être mon subconscient. Mieux vaut lui faire confiance alors… En tout cas, cette chose est vraiment flippante ! Elle est bien plus grande que moi déjà. Ça ce n’est pas génial : je n’aime pas quand on est plus grand que moi, ensuite on en vient à se croire plus fort et je dois me salir les mains à prouver le contraire. C’est penché au dessus de moi, avec pour seul visage une demi-sphère à trois trous. Et… est-ce qu’on peut appeler ça une forme, en fait ? Je n’arrive pas vraiment à distinguer quoi que ce soit, tant la chose dégouline d’une épaisse substance noire visqueuse et nauséabonde… Minute Papillon !!! Ca ne serait pas… mais oui !!! Ce n’est donc pas une peinture qui recouvre les murs de cette chambre, mais plutôt une excrétion de je ne sais trop quel produit issu du corps de cet « arrancar » des moins normaux qui soient ! Quelle horreur ! Et quel manque de finesse, il faut ajouter ! Enfin oui, quoi ! On ne repeint pas une chambre avec ses propres boyaux ! Bon, j’admets qu’en soi, ça pourrait avoir un certain charme, mais comme je l’ai dit, les boyaux ont l’usage premier d’être dans nos corps si ce sont les nôtres, et sur le sol si ce sont ceux des ennemis !

Enfin bref, autant faire simple dans mes pensées, je n’ai quand même pas envie de finir comme Ulquiorra, à penser de tout pour arriver à rien ! Donc, très simplement dit… enfin, pensé, (je ne vais quand même pas révéler ma brillante philosophie à des déchets dégoulinant, quand même), enfin bref… rhaaaa, mais ressaisit-toi, Luppi, nom d’Aizen ! Donc, TRES simplement pensé : cette chose est bizarre au-delà de tout entendement. Et rien que d’imaginer le concept de la bête me chamboule les neurones au plus haut point. Ahh, c’est vraiment pas mon jour ! A croire que l’univers n’approuve pas de ma position de puissance et chercherais à m’humilier… et bien au diable l’univers ! De toute façon, Aizen-Sama le dominera bientôt, et ce jour là il aura pas intérêt à moufter ! Na!

Et pour le moment, mon intérêt principal est de rééquilibrer les forces entre la chose et moi. A savoir donc: moi en haut, lui en bas! Premier élément à rectifier: la taille. Je lui dit donc...

... eeeeeuuuh... minute là... la peinture qui ronge, elle vient pas du corps de la chose?

Bon, je prends une voix douce comme le miel (on va y aller par étape jusqu'au bout, hein?), et je lui dit donc:

- Dis-moi, Machin, tu peux modifier ta taille, non? Tu sais que c'est irrespectueux de se placer au dessus d'un Espada comme ça?

Deuxième rectification à faire: les lieux. je me tourne donc d'un air assuré pour observer la chambre, et je poursuis:

- C'est quoi tous ces objets? Pas besoin d'être savant pour voir que tout ça vient du monde humain!

Je me tourne vers la chose d'un mouvement fluide et gracieux, comme à mon habitude:

- Aizen-Sama est-il au courant de ce genre d'activité? J'en doute... tu sais que les humains sont nos proies, hein? Tu l'as pas oublié j'espère? Si à tout hasard c'est le cas, tu dois donc savoir que les soutenir de quelconque manière n'est pas toléré ici, en aucun cas!

Troisième chose à mettre au clair: la subtance.

- Au fait... qu'est-ce que c'est que ce truc qui te recouvre? Tu t'es mal douché le siècle passé, l'ami?

Bon, maintenant, au truc non-identifié (et probablement non-identifiable) de répondre... visiblement, ça a une voix, puisque ça a dit bonjour... quoique d'une manière qui pourrait faire penser à un perroquet zombie auquel on aurait fourré dans la gorge un tube en aluminium et griller la moitié de la cervelle... à peu près... mais bon, l'idée est que ça doit pouvoir répondre (et au moins, j'accorde à cette chose, dans mon infinie bonté, le mérite d'avoir été polie. Peu de gens le sont dans ce château, même parmi le tiers-monde). Je me place donc bras croisés (bien que cela ne se voie pas trop avec mes grandes manches. Je vous l'ai dit: tout en subtilité), mon expression calculée pour exprimer que l'issue intelligente serait de répondre dans pas très longtemps. Pas agressive, mais claire. Généralement, c'est ce qui marche le mieux. Si ce bidule moche et bizarre est bien un arrancar, alors il ne devrait pas non plus déroger à cette règle...