We live with murder [PV] [AVORTE]

La vie est pareille à une rose, au fil du temps elle perd ses pétales et son érubescence foudroyante se teinte d'un vert triste. Tout aussi épineuse que belle. ~

Je commençais à fatiguer sous mon inertie, immobile pour deux raisons. La première étant la simple envie de boire la magnificence de cette ville riche en reaitsu et en découvertes. La deuxième était mon rôle de guetteur. Je recherchai de mon regard affuté ma proie, celle que l'on m'avait convié à tuer pour de l'argent. Qu'avais-je à faire de l'argent, vous pouvez me dire ? Rien, présentement. Je le donnais à qui voulait pendant que mon métier "tueur à gage" me permettait de tuer mon temps libre. J'ai appris récemment que Muramasa venir de surgir dans le monde des Shinigami, cette nouvelle ne me laissant pas de glace. Ma liberté de deux cent ans allait prendre un nouveau tournant, un véritable but, une finalité à laquelle je voulais mettre un bémol. Achever Muramasa et prendre sa place. Libérer tous les Zanpakutoh.. Tous deux possédions le même objectif : réduire à néant les Shinigami qui se permettaient de contrôler la vie de trancheur d'âme réduite à les servir...leur monde ? Dans une arme.

Je commençais à m'impatienter, j'avais faim, faim de tuerie.. soif.. soif de vengeance. Je réclamai mon dû, et nageai dans les limbes de la folie pour contenir toute ma colère. De toit en toit, je sautai les étapes. Mon poids s'écrasait à chacune de mes retombées majestueuses. Bien que lourd de taille, ma course paraissait légère et souple. J'étais pareil à une panthère, faisant rouler mes muscles sous ma peau dans mes innombrables mouvements, tendant à descendre les différentes toitures un peu trop rectilignes à mon gout. Je me croyais dans l'univers de Mirror's edge à faire de Karakura un terrain de jeu, exécutant pirouette, bond, glissade, le tout conjugué à mon agilité féline. Ce qui fit accélérer ma cadence fut sans aucun doute l'appel du sang. Pas de hollow dans les parages, ni d'autres fritures farfelues.. seul l'appel du sang, l'odeur qui me rendait à la fois nerveux et enthousiaste.

Là, en dessous de la gouttière sur laquelle je fus contraint de me retrouver, j'y vis pas loin de mon champs de vision ma proie. Un homme affairé... assassiné par le meilleur atout d'un autre homme d'affaire. Voilà ce qu'était la loi des hommes à pouvoirs. Les humains en général.. et je les aidais dans leurs œuvres triste et grotesques. Au final, il me suffit d'un shunpo pour me fondre sur ma cible, disparaissant encore dans une de mes techniques pour finir tout contre le futur cadavre. Celui tenant en sa main une mallette. " L'argent du diable..~ " dis-je en dévoilant toutes mes dents, dans un sourire carnassier.. avant d'enfoncer ma lame dans son coeur, en trois coups succincts. Puis, je lui subtilisai son argent, pour m'enfoncer dans les ténèbres de la Vêpre, oubliant sur mon passage de maquiller mon crime. Comment pouvaient-ils me retrouver, après tout ? J'étais pareil au vent, indomptable et intouchable, impalpable et immuable. Le liquide vermeil répandu en parfait sillons sur mes vêtements, me rendit fou de joie, quand bien même je ne puis pour ma dignité m'égosiller à le chanter.

Je me devais de garder cette petite fortune tout près de moi, attendant le lever du soleil qui s'exécuterait à illuminer le ciel dans cinq heures.. J'avais le choix de m'amuser à perpétuer mes meurtres, ou bien à dormir sur l'une des plus hautes tour de Karakura. Un terrain de jeu, disais-je ? Il s'agissait plus d'un monde dans lequel je nageai, comme un poisson dans l'eau. Voilà pourquoi je m'évertuais à conserver mes contacts loin de moi, amoureux de ma liberté, de mon indépendance.. et de mon choix d'action. Outre ce fait, personne n'avait la possibilité de me tirer dans le dos ou dans les pattes, comme bon nombre de traitres s'amusait à le faire. C'était moi qui prenait ce rôle ; et non l'inverse. Le seul être ayant reussi à dompter ma méfiance s'avérait être un fantôme désormais, un don des nues que jamais, je ne serai amené à revoir. Du moins, c'est ce que je pensais.

Happé par le vent sépulcral, je bondis d'un haut bâtiment pour finir à même le sol. Devant moi se dresser une œuvre architecturale, d'aspect gothique. La cathédrale de Karakura... Une fois encore, il me suffit de quelques shunpo pour me retrouver, perché sur une gargouille. Ma main glissa dans ma poche, pour en ressortir... un mentos. C'était soit cela, soit la clope. La superbe vue sur cette ville m'apaisait, mais le remord de n'avoir ôté la vie qu'à une seule personne se fit de plus en plus présente.. Quand soudain, mon démon intérieur se réveilla, interrompit par quelques effluves familières.

Jamais je n'avais connu pareille sensation. Un sentiment d'indépendance dont je savourais la moindre once de plaisir, mêlé à un irréductible besoin d'assouvir mes pulsions les plus meurtrières. Bah quoi ? Si je ne l'avais pas fait avant, autant que je me rattrape maintenant ! Il ne pouvait rien m'arriver de mieux que cette rencontre avec cet être dont j'ignorais encore aujourd'hui l'identité véritable. Des murmures et quelques bons mots minutieusement sélectionés, voilà ce qu'il avait fallut pour que je prenne pleinement conscience de ce à quoi j'étais en train de déroger. Libérée, ne bridant plus la moindre parecelle de mon pouvoir que je consiédérais comme étant le plus puissant, je me délectais du spectacle qui s'offrait dorénavant à moi. Tel un véritable château de carte, les quelques humains (nombreux il fallait bien l'avouer) qui croisaient par malchance ma route s'évanouissaient sous le poid de ma pression spirituelle que je voulais la plus intense possible. Jeu pervers, véritable preuve de sadisme qui démontrait au mieux ma personnalité, je prenais un malin plaisir à attirer l'attention des quelques entités spirituelles qui trainaient dans le coin.

Ainsi donc, des jours et des jours durant, des nuits même parfois, je m'affairais à croiser le fer avec ce qu'il m'était donné. Ce furent donc des hollows, parasytes des plus ennuyants, qui constyituèrent la majorité de mes crimes si tant est que l'on puisse définir mon amusement de la sorte, qui tombèrent sous ma fureur qui ne connaissait plus de limite. Rien de bien folklorique jusqu'au jour où les shinigamis, ces anges de l'enfer dont la présence à elle seule me répulsait, décidèrent de s'intéresser d'un peu plus près à notre cause, à nous autres Zanpakutos libérés. Nous étionse semblerait-il pareils à des erreurs de ce monde qu'ils juraient pourtant tous de protéger au prie de leur insignifiante existence d'âmes. Traqués, parfois éliminés, nombre de ceux qui étaient devenus avec le temps mes frères d'armes, passèrent du statut de fidel compagnon à qui quelque chose d'anormal était arrivé, à celui de démon dont l'existence devait à tout prix prendre fin. Voici donc ce qui au plus grand détriment de certains, fit mon bonheur à moi et à moi seule ! Quelle jouissance je tirais de chacun de ces êtres que je méprisais tant, m'abreuvant de leur dernier soupir, ou de leur expression faciale dont je ne prenais que le meilleur : la peur.

Certains vous parleront sans doute de moi comme étant une entité des plus monstrueuses dont les actes (que je nomme moi-même mes faits d'arme) étaient impardonables. Ceux-là, soyez certains qu'ils ne se basent que sur les rumeurs que ma démence avérée laisse sur mon passage. Les quelques rares privilégiés qui auront su être « purifiés » par ma lame, n'étant plus de ce monde pour vous en conter le récit. Moi-même je ne le ferais, laissant ce moment d'extase à ma seule personne. Voilà également un deuxième point qui me ravissait au plus au point depuis que je n'étais plus qu'une simple lame somnolant dans son foureau en attendant l'appel de son maître. Ne m'occuper que de ma seule personne était devenue bien plus qu'un nouvel attrait, ma philosophie et celle qui régissait mon nouveau mode de vie. Nouveau ? Pas tant que ça... Ou alors le nombre de cadavres qui derrière moi jonchaient les ruelles de Karakura depuis quelques temps, m'avaient-ils fait perdre toute notion du temps ? Voilà une hypothèse des plus probables et pourtant, perchée sur les hauteurs de l'un de ces toîts que j'affectionnais tant, je m'en moquais, le sourire pervers se profilant sur les traits de mon visage rayonnant.

J'étais heureuse... contemplant du haut de mon perchoir que l'on pourrait qualifier des plus sommaires, la masse de créatures vivantes qui fluctuait au gré des horaires de pointe. Ma chevelure de braise virevoltant selon les quelques brises passagères qui ponctuaient cette journée qui se voulait des plus radieuses, je savourais langoureusement le goût si subtil que me procurait la disparition d'un être spirituel, exécuté de ma lame. Ce parfum aux saveurs indéfinissables, me faisait frissoner au plus haut point, me mettant dans un étant de presque jouissance absolue. Encore étendu non loin de moi, l'infâme sous-fifre que le Gotei avait envoyé à ma poursuite gisait sur le grand hôtel du sacrifice. Spectacle ennuyeux au bout d'un moment cela dit. Je n'avais plus de cible attitrée, et la traque, ce sport plus qu'un jeu que j'aimais à pratiquer, n'était plus au rendez-vous. Je ne comptais plus mes exploits depuis quelques jours, ne prenant que très peu de temps pour dormir. En voilà une bonne idée d'ailleurs. C'est ainsi que je m'appaisais, fermant promptement mes paupières qui n'avaient pas connues l'obscurité du sommeil depuis trop longtemps. Cependant, alors que je commençais à peine à trouver dans cet état de létargie semi-profonde une certaine quiétude, mon état de veille permanente ne voyait pas les choses de la même manière.

Pareil au cris déchirant du loup solitaire dans les profondeurs de la nuit, le reiatsu qui venait de faire son apparition, entrait par la même occasion en collision avec le mur ultra-sensible que représentait mon radar à victimes. Etrange cepedant, cette aura je la connaissais. Et c'était peu dire de la chose, puisque plus ce vrombissement dans l'immense tissu d'énergie spirituelle que représentait Karakura se rapprochait, plus j'avais la certitude que mon sommeil prendrait fin. Me rendant donc à l'évidence, je décidais du tout au tout de prendre le dessus et d'aller moi-même à la rencontre de celui qui venait troubler ce moment tout aussi rare que précieux. Aozora, flot d'énergie à l'état pur, âme-soeur ou tout simplement compagnon de route éphémère, définissez-le comme bon vous semblera, se tenait droit et fier, quelques patés de maison plus loin. Je n'aurai su vraiment qualifier cet être avec qui je partagais les mêmes idéaux et encore plus, un lien tout aussi étroit qu'indéfinissable. Pour ce qui est de cri du loup solitaire, je n'aurai su mieux définir la présence de cet être à la prestance si imposante. Que faisait-il sur mes plates bandes ? Avait-il là où je n'avais rien ressentis de particulier, hûmé l'aura d'un être à l'énergie spirituelle particulière ? Peu importe le motif de sa présence à vrai dire, une rencontre était de rigueur, et la partie de chasse s'ammorcerait d'elle-même. D'un déplacement rapide qui souleva au passage les quelques feuilles mortes que je laissais pour seul témoins de mon crime, j'allais à sa rencontre, le coeur remplit d'espérance, une envie de crime nouvelle à assouvir.

- Tu fais chier, c'est mon terrain de chasse bordel ! Ya intérêt que ça en vaille la peine...

Tourbillon d'extase, sphère funeste, typhon mortifère. Où me trouvais-je ? Pourquoi elle, pourquoi toi ? Je souriais à la vie comme à la mort. Les Zanpakutoh ayant perdu leur maître, autrement dit les Tojus, étaient déjà mort à mes yeux. Sans vie. J'étais pareille. Depuis ma naissance, on me destinait à une vie de servitude, où je me retrouvais avec des choix ne s'accommodant guère avec ma vision du bonheur. J'avais voulu continuer ma vie avec lui, Shikamaru. Il ne m'en avait jamais laissé le droit pourtant, et encore moins le pouvoir, finissant par être démuni de toutes traces d'émotions..et me voici devenu ce que je suis aujourd'hui.. Un monstre, fier et beau. A ne pas me comparer avec une bavure, l'on m'avait parfaitement réussi. Un démon. Et je l'étais au centuple lorsque je me retrouvais seul ou mal accompagné, au vue de mes nombreux assassinats prémédités sans l'ombre d'un moindre remord. Et je me retrouvais aujourd'hui à côtoyer celle que j'avais délaissée pour moi, mon ego. Je me retrouvais finalement aux prises du sort, il fallait bien l'avouer. Elle était revenue.. ou plutôt.. je lui étais revenu.

Partiellement apaisé par les voltes d'airs qui ébouriffèrent ma touffe de cheveux sombres, je me laissai bercer par les volutes de parfum de mon ancienne camarade, celle-ci même ayant eu le privilège de tuer pour son bon plaisir, et non pour assouvir un désir de vengeance. C'était bien faible de vouloir se venger à mon humble avis. La vie était devant nous, pourquoi se laisser aveugler par notre colère pour se gâcher ? C'est au final que je me décidai à pencher de la tête vers ce reaitsu versatile, m'interpellant jusqu'aux tréfonds de mon âme. L'appel du sang, de ce doux nectar à la saveur si exquise, me fit vibrer de la tête aux pieds, tandis que je cherchai à canaliser ma soif de luxure. Pourquoi ? J'incarnai quelques péchés capitaux que Dieu lui-même tentait d'étouffer de sa puissance céleste..Mais.. comment dire.. Il m'était impossible de vivre sans. Sainte Mère de Dieu, vous qui avez conçu sans pécher, accordez-moi la grâce de pécher sans concevoir.

Mes prunelles dissemblables se rivèrent vers l'objet de mon désir accru. La voilà, cette parfaite beauté perchée elle aussi sur l'une des gargouilles ornant la maison de Dieu. Je la reluquai sans me gêner, sans dire mot... Je me nourris sans vergogne de ses formes appétissantes, de son derme opalin et de cet artifice capillaire, me plongeant dans de farouches réminiscences. Magnifique ne pouvait être le mot pour la désigner, divine ? Peut-être même plus depuis qu'elle avait pris de l'aplomb. Mon sourire s'étira de plus belle lorsque je croisai son regard avec pour bijou deux orbes chatoyantes et chaleureuses, où la lueur de folie n'avait pas daigné la quitter ne serait-ce qu'une seule seconde...C'est curieux, comme je lis bien dans les yeux de ceux que je n'aime pas...En revanche, les yeux de ceux que j'aime, sont, au contraire, pleins de mystères. Et j'avoue apprécier ce trait chez cette femme pleine de prestance. Cependant, elle avait beau respirer la liberté, je voyais comme de la tristesse en elle.. allez savoir pourquoi. Je dévoilai enfin ma belle dentition creusant de légères fossettes dont le charme n'était même plus à reconsidérer. Cette fois-ci, j'avais la ferme intention de convier cette charmante retrouvaille dans de beaux ébats. Finalement, je fermai les yeux pour glisser mon regard sur le sombre horizon se profilant au devant de moi.. puis faire vibrer mes cordes vocales, à son intention :

- Te souviens-tu.. j'ai toujours été plus doué que toi pour repérer les faibles. Ce qui se trouvait être pour moi les humains, les hollows, et j'inclurai même les trois quart des shinigami dont le potentiel de force était à désirer. Seul un Capitaine pouvait m'empêcher de nuire, et encore...
Agile comme un singe, mais sans me départir de ma grâce féline, je bondis de mon appui pour me retrouver sur le sien, cherchant à prendre place en face de sa précieuse personne. Et quand ce fut fait, je m'arrangeai de l'acculer au mur.

- Tu es d'assaut ce soir ma petite terreur ? Le milieu nous est favorable...
.. Tu .. dis-je en me permettant d'effleurer sa joue avant de sauter de mon lieu pour finir tel un projectile dans les airs. Trois secondes me suffirent pour me retrouver à terre, lui soufflant alors .. vient jouer ~ ?"
Et elle savait pertinemment de quoi je parlai. A celui ou celle qui pourfendait le plus de coeur, serait le gagnant. Voyons voir si Toketsu se débrouillait toujours aussi bien...

Aozora, un personnage à lui tout seul qui méritait si ce n'est pas de la sympathie au moins de l'intérêt. Jamais entité à la Soul Society n'attira plus l'attention des treize armées de la cour. Il était bien des choses à mes yeux, mais jamais je ne lui avais vraiment avouer. Mentor, il était celui qui m'avait apprit bien des choses, mais il était également devenu avec le temps mon concurrent direct dans cette course effrénée à l'effusion de sang. En effet, si j'étais déjà l'un des Tojus les plus sanguinaires et de ceux que l'on pourraient sans trop de peine classer dans la catégorie des instables mentaux, Aozora, le plus puissant d'entre nous, lui, était bien au dessus de tout cela. Sa folie primaire s'était avec le temps, mélangée à sa puissance et sa façon de voir le monde, convertie en un charisme incontestable.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait de moi avec cette lenteur qui donnaient aux secondes des allures de minutes, je sentais non pas mon cœur, mais mon sang dans son intégralité frémir au contact de son énergie spirituelle si imposante. J'étais à la fois éperdument admiratrice et complètement soumise de cet être malsain. Il était tout aussi bien en mesure de m'apporter tout ce dont je rêvais que de me détruire de part sa seule volonté. Autant dire une personnalité écrasante de part son charisme, et violente tout ce qu'un être pouvait posséder de maléfique. Plus ces secondes interminables défilaient, plus je ressentais, malgré mon indicible envie de me divertir un peu, cette fascination que j'éprouvais à l'égard du Toju. Étrange sentiment qui nous liait depuis maintenant quelques temps et dont j'arrivais toujours pas à comprendre le sens exact.

C'est donc dans cette ambiguïté, excitante cela dit, que je détournais mes yeux des siens et que j'entrepris de débuter ce que nous appelions la partie. Je quittais cette gargouille pour me retrouver d'un shunpo que je parvenais dorénavant à maîtriser dans quasi intégralité, à ses côtés. Entre temps, ce sourire si sadique, seul témoins de mon bonheur recouvré, s'était affiché sur les traits fins de mon visage mutin. Mélange d'excitation due à ma folie meurtrière compulsive, et d'une chasse qui se voudrait bien distrayante, je prenais maintenant plaisir à le narguer à le narguer de tout mon être. Attrape moi si tu peux, telle était ma devise que je n'avais même plus besoin de prononcer à haute voix pour qu'il la comprenne. De cette situation, n'en ressortit de ma bouche que ces quelques paroles que j'aimais à prononcer sur un ton des plus joueurs.

- Et bien que le meilleur gagne !

Ni plus, ni moins, ces quelques mots venaient à eux seuls d'annoncer le début des festivités, et tel un coup de feux, je prenais la première initiative, profitant de la brise légère pour disparaître à nouveau. Seule différence, je ne lui laisserais maintenant aucune chance de me rattraper, partant à la recherche de l'entité spirituelle la plus savoureuse. Le choix ne manquait pas dans cette ville que j'avais d'hors et déjà considérée comme mon terrain de chasse de prédilection, il était à moi, et à moi seule ! Je virevoltais donc, de toits en toits, profitant des déplacements d'air pour accélérer ma cadence qui se voulait pourtant déjà bien rythmée. Combien de kilomètres avais-je déjà parcourus ? Je n'aurais vraiment su le dire, préférant me concentrer sur la multitude de flux spirituels que je rencontrais sur mon chemin.

Âmes en tous genres, hollows, le choix ne manquait pas de ce côté là, cependant, plus je tournais en rond au travers des rues bondées de Karakura, plus je ressentais le besoin de m'attaquer à quelque chose de plus... important. Et pourtant, quand bien même l'envie fut présente, je ne trouvais pas l'ombre d'un shinigami à l'horizon. Quelle tristesse... Était-ce donc l'heure de la sieste à la Soul Society ? Je me représentais déjà la scène du Seretei, autant de shinigamis flemmards préférant s'occuper comme il se doit de leur réserve de saké. Pourritures... Je ressentais ma soif se faisant de plus en plus pressante. Tant pis, je me contenterais donc de ce qui me tomberais sous la main. Je stoppais alors ma course effrénée, plantée devant ce hollow immonde, appuyée contre le mur qui lui faisait face dans ce cul de sac.

Visiblement frustré que de ma lame je vienne lui dérober son insignifiant repas, la créature hurla tout ce qui lui était permis d'hurler, provocant de l'écho qui régnait dans cette ruelle la chute de quelques briques environnantes. Tsss... intimidation veine, n'ayant que faire de sa plainte que je pris plaisir à abréger. Facile... Trop facile même... Je ne parvenais à tirer de cette première mise en bouche aucune satisfaction. Je n'avais que pour seul réconfort le nombre qui venait inaugurer le tableau de chasse de cette fin d'après-midi. Score lamentable, mais dont je tentais au mieux de me satisfaire, n'ayant d'autre choix, je quittais les lieux après avoir savourer les quelques dernières bribes de particules spirituelles délaissées par notre altercation. Portant alors toute mon attention sur l'aura de mon compagnon de chasse, je me déplaçais à sa rencontre, juste histoire de faire les comptes avant de passer à la vitesse supérieure. Il ne me fallut d'ailleurs pas longtemps avant d'atterrir sous son nez, un sourire malsain se dessinant , avant de faire le bilan de cette première manche. Je baissais alors ma tête, contemplant mes ongles vernis d'un rouge luisant avant de la relever et de laisser s'échapper ces quelques mots.

- Et de deux !

C'était ... terriblement excitant. Un défi à relever sans coup férir. Je me devais à aucune erreur et c'était grâce à ce genre de rencontre, ou du moins, à la trouvaille que je venais de faire, qu'il m'était possible de nager en plein délire sanguinaire, me permettant ainsi de me nourrir de ces folles montées d'adrénalines. Je la regardai encore de mes yeux perçants et à la fois vairons, avant qu'elle ne parte chasser comme une lionne. Mon coeur battait la chamade pour diverses raisons que je saurai expliquer en raison de ma lucidité et de mes capacités à analyser objectivement.. Elle me plaisait d'ores et déjà pour sa beauté farouche, sauvage, et tentatrice.. Une beauté chaude, brûlante, que personne n'était capable de toucher sans quoi elle s'embrasait...Une femme avec qui le terme de pitié ; d'état d'âme, et d'hésitation n'avaient pas lieu d'être, à mon instar. Si je pouvais en être fier, il en serait parfaitement le cas, si elle était la meilleure...Or, quelqu'un lui était supérieur.

Moi.

Mais peut-être qu'au fil du temps, la jeune fille avait pris de l'aplomb et de la puissance, et en parfaite stratège, peut-être allait-elle prendre le dessus sur moi, et me coulerait sur place avec brio, ce qui me couperait le souffle à n'en point douter. Pourquoi ce petit jeu alors que des enjeux bien plus importants se jouaient en ce bas monde. Pourquoi ? Et si.. cela n'était qu'un échauffement qui précédait les hostilités que je prévoyais à l'encontre des véritables ennemis..? J'avoue l'avoir su. Toketsu était dans la ville depuis plus de quelques heures, et pourtant.. je n'étais pas si étonné de la revoir. J'avais même echaffaudé un plan avec elle et non avec une tierce personne dont je me passerai bien. J'avais la mauvaise habitude d'observer de loin les individus qui m'intriguaient. Revoir Toketsu, n'étant pas sans me ravir, faisant naitre en moi quelques ambitions peu louables, que je me devais de développer afin d'arriver à un résultat satisfaisant. Il s'agissait bien évidemment d'une vengeance mais nullement risquée. J'agissais juste en parfait manipulateur que j'étais, ni plus ni moins...

Suite à son départ plus que rapide, annonçant le début de notre petit concours, je me mis à soupirer brièvement avant de m'élancer à la poursuite de ma première proie. Et qu'elle ne fut point ma surprise lorsque je vis une petite fille devant moi, escortée de sa ravissante maman qui allait bientôt dépasser la trentaine.. ? D'un relatif shunpo, je me retrouvai aux côtés de la jeune femme quand ma main vint lui happer son energie. Étais-je un salaud en agissant de la sorte ? .. Je l'espérai bien. Mon regard de lynx dériva sur la petite silhouette qui vit sa mère tomber comme un vulgaire corps dépourvu d'âme - ce qui était le cas - , tandis que je la laissai à son sort, me privant de jubiler de la voir désespérée. C'est avec une rapidité accrue que mes pas me menèrent jusqu'à mon deuxième gibier, dont l'aspect me rappelait la fébrilité de la vie : un vieillard. Telle une ombre je me glissai en son dos avant de placer avec une précision insolente la lame de mon trancheur d'âme vers ce qu'on appelle un point fragile et à découvert : sa gorge. Et sans plus attendre, un jet vermeil fusa, m'éclaboussant au visage son seul charme de pauvre mortel.

Deux. Mes prunelles s'étrécirent pour donner à mon faciès une expression de circonspection. J'embrassai à vue d'oeil ce qui me servait de terrain de chasse et mon coeur se remit à bondir lorsqu'un battement faible mais distinct vint chatouiller mes oreilles. Je fis demi-tour pour me diriger sans aucune hésitation vers un nouveau jouet. Parmi lui, une centaine gambadait sur le champ d'action des deux amants fous que nous étions. Je ne fis aucun effort pour calmer ma joie, et offrit à ma troisième victime une mort très rapide. Couper en deux sa cervelle chaude m'avait semblé plus approprié. Je redressai vivement ma tête lorsque je la sentis approcher, non sans excitation. Mon sourire naquit au même titre que l'envie de lui faire l'amour. Je l'accueillis avec mon sourire narquois en coin tandis qu'elle m'apparut... malicieuse et machiavélique. L'envie de la laisser gagner trotta en mon esprit en la voyant si éprise de la joie de tuer. Ma voix ne se fit point entendre, préférant dévoiler ma main gantée, dont deux doigts s'étaient refermés sur ma paume. Et tout aussi silencieusement au départ qu'à l'arrivée, je fondis dans l'ombre d'un angle mort avant de renchérir le nombre de mes victimes.

Je n'avais aucune envie de gagner à dire vrai. Seul désir me transportant en cette nuit fut de jouer avec elle comme un maitre avec son chat. Sauf que je n'étais pas son maître dans cette histoire mais tout autre chose totalement impossible à définir.
Toujours est il que cette fois-ci, je n'aurai pas trois morts sur ma conscience, mais plus d'une quinzaine si Toketsu ne s'y donnait pas à coeur joie !

» Mâchoire Versus Fou [Avorté]
» Mission impossible. [ PV Aozora - Byakuya - Senbonzakura ] [Avorté]